Le Journal de Quebec - Weekend

LE PANTANAL, LÀ OÙ LE JAGUAR EST ROI

- MARIE POUPART Collaborat­ion spéciale

Quand vous pensez au Brésil, quelles sont les premières images qui vous viennent en tête ? Sûrement la statue du Christ Rédempteur qui domine la ville de Rio de Janeiro, ou alors son célèbre carnaval. À moins que ce ne soit l’amour de ce peuple chaleureux pour le soccer et la samba qui vous vienne à l’esprit ? Bien sûr, il y a aussi l’Amazonie, la plus vaste forêt tropicale du monde. Mais connaissez-vous le Pantanal, cette région au centre ouest du pays qui rappelle un peu les Everglades ? Il s’agit de la plus grande zone humide de la planète dotée d’une faune et d’une flore extrêmemen­t riches et diversifié­es.

Un animal y règne en maître. C’est le jaguar, une espèce protégée au Brésil. Ce royaume animalier compte aussi plein d’autres bêtes fascinante­s tels le tapir, le fourmilier géant, le capybara et des centaines d’espèces d’oiseaux et de poissons.

Le Pantanal dont une partie est classée réserve mondiale de biosphère par l’UNESCO est une destinatio­n parfaite pour échapper au tourisme de masse. Cette région saura plaire surtout aux passionnés de la nature et aux photograph­es animaliers. Nous y avons séjourné en août. Ce fut un périple dans la nature profonde gorgée d’extraordin­aires découverte­s. Peureux, s’abstenir…

En partance de Sao Paulo, après plusieurs heures de route dans des conditions parfois difficiles, nous sommes finalement arrivés à la Fazenda Barranco Alto, un immense ranch de bétail de 11 000 hectares, parsemé de forêts, de plaines herbeuses, de lacs, de lagunes où coule le Rio Negro, une rivière attrayante. Outre l’hébergemen­t, ce ranch situé dans la partie sud du Pantanal propose des activités de style safari en bateau, en 4 x 4, à cheval et même à pied.

La grande vedette des lieux et que tous souhaitent apercevoir est sans contredit le jaguar, car il y est bien présent. Les touristes viennent de partout pour le voir. Le lendemain de notre arrivée, nous nous sommes levés avec une seule idée en tête, celle d’observer dans leur environnem­ent naturel ces bêtes impression­nantes dotées de la mâchoire la plus puissante de tous les félins.

LE PLUS GRAND MARAIS DU MONDE

Le Pantanal est un immense marais constitué de prairies et de plaines inondables. Il s’agit, faut-il le rappeler, de la plus grande zone humide au monde et les jaguars aiment s’y réfugier, de préférence à proximité des rivières.

Selon notre guide et biologiste Marcos Violante, le Brésil abrite environ la moitié de la population mondiale des jaguars sauvages, dont 5000 seraient dans le Pantanal, là où se trouve, tel un buffet, une abondante quantité de nourriture (à titre informatif, les scientifiq­ues estiment qu’il y a entre 64 000 et 173 000 jaguars dans le monde).

EXPÉDITION SUR LE RIO NEGRO

Nos guides Marcos Violante et Fernando Lacerda Marim nous ont tout de même bien avertis : le Pantanal, qui signifie marais en portugais, n’est pas un zoo et il faut s’armer de patience. Ici, les touristes peuvent passer des journées entières sans en croiser un. Mais malgré leur mise en garde, ils nous semblent plutôt optimistes. Après tout, Marcos et Fernando sont des guides expériment­és et la région est devenue leur terrain de jeu. Ils doivent bien connaître quelques-unes des cachettes de ce félin si convoité tout le long du Rio Negro.

UNE GRANDE VARIÉTÉ D’ESPÈCES

Cette région au centre ouest du pays, dans l’État du Mato Grosso et du Mato Grosso do Sul, est un paradis de l’observatio­n animalière.

Au cours de notre première excursion en barque à moteur, nous avons aperçu des bêtes souvent inconnues des Québécois : des loutres géantes d’Amazonie

à l’air taquin, nageaient à quelques mètres de notre embarcatio­n ; des familles de capybaras se prélassaie­nt sur la plage au soleil.

Le capybara qui peut peser jusqu’à 150 lb est le plus gros rongeur au monde, mais malgré tout, il a un air plutôt sympathiqu­e.

Malheureus­ement pour lui, il constitue une proie de prédilecti­on pour le jaguar. Lors de notre promenade sur la rivière, nous avons également compté des centaines de caïmans, qui eux aussi n’hésitaient pas à s’approcher de notre bateau. Quand est venu le temps de débarquer sur la plage et de marcher un peu, question de se dégourdir les jambes, plusieurs de ces bêtes à l’allure effrayante se sont avancées vers nous.

Après tout, de quoi pourraient-ils avoir peur ? Ils ne se font pas chasser par l’homme sur ce territoire. Bien sûr, il faut quand même garder une certaine distance et ne pas les déranger, car ils pourraient vouloir se défendre.

Comme il faisait extrêmemen­t chaud ce jour-là, nos guides nous ont proposé de nous baigner dans la rivière. Les caïmans sont de la même famille que les alligators et les crocodiles, mais d’après Fernando et Marcos, les caïmans de cette région ne seraient apparemmen­t pas dangereux pour l’homme. Ils ne nous ont pas du tout convaincus.

En plus, il y a des piranhas dans la rivière et même si d’autres touristes se baignent, nous passons notre tour sans aucun regret.

Cette première expédition s’est terminée par un safari en 4 x 4, peu avant le coucher du soleil. Notre objectif était de croiser un tapir, cet étrange mammifère, lointain parent du cheval et du rhinocéros.

Par chance, nous en avons aperçu un s’abreuvant dans le lagon, avec la lumière douce, le paysage était à couper le souffle. Ce fut une journée remplie de découverte­s.

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On estime qu’il y a environ 5000 jaguars dans le Pantanal. BRÉSIL

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