Le Journal de Quebec - Weekend

UNE MORT ANNONCÉE

- LOUISE BOURBONNAI­S Collaborat­ion spéciale louise.bourbonnai­s @quebecorme­dia.com

L’acteur américano-canadien, Matthew Perry, devenu célèbre pour avoir joué dans la populaire série Friends, retrouvé mort dans son bain-tourbillon à l’âge de 54 ans en octobre dernier, avait écrit en 2022 son autobiogra­phie. À sa lecture, on découvre un homme malheureux, peu confiant, maladroit avec les femmes et surtout souffrant de dépendance aux drogues, à l’alcool et aux médicament­s. Tenter de devenir sobre a été le combat qu’il a mené tout au long de son existence.

Matthew Perry c’est un peu le clown triste. Celui qui, devant les caméras, pouvait faire rire les autres, mais qui, à l’instar de Robin Williams, était malheureux dans sa vie privée pour diverses raisons.

D’emblée, on peut dire que son livre a été écrit sans filtre et sans peur du jugement. Un livre qui parle peu de sa carrière outre quelques anecdotes amusantes sur les plateaux de Friends, mais qui raconte les douleurs d’un homme aux prises avec des problèmes de dépendance. Et après avoir lu cette biographie, personne ne le jugera.

Déjà durant l’enfance et l’adolescent­e, Perry est triste. Lui qui a grandi à Montréal et à Ottawa souffre de la séparation de ses parents, se sentant abandonné par son père, John Bennett Perry, qui vit à Los Angeles, car il souhaite gagner sa vie en tant qu’acteur, tandis que Matthew demeure avec sa mère, Suzanne Langford, à Ottawa. Elle est l’attachée de presse du premier ministre de l’époque, Pierre Elliott Trudeau. Matthew fréquente un collège privé, et a pour camarade de classe Justin Trudeau.

Sa mère étant très occupée et son père absent, Matthew se sent livré à lui-même. Dès ses 13 ans, il consomme de l’alcool, et ce, tous les jours. Malgré cela, il excelle au tennis et participe à de nombreux tournois, mais il abandonner­a en raison de sa forme physique qui décline, l’alcool étant omniprésen­t.

Puis il laisse tomber ses études et part rejoindre son père en Californie dans le but de faire carrière comme acteur.

C’est en 1994 qu’il décroche le rôle de Chandler Bing dans le sitcom Friends, rôle qu’il a tenu durant 10 ans jusqu’à la fin de la série.

RICHE, MAIS MALHEUREUX

Mais ce succès grandiose – mentionnon­s qu’il gagnait un cachet d’un million de dollars américains par épisode les dernières années – ne suffit pas à lui enlever le mal de vivre, même s’il adore jouer Chandler dans la série.

Il va consommer jusqu’à 55 comprimés d’opioïdes par jour en plus des amphétamin­es, de la cocaïne et, bien évidemment, de l’alcool. S’ajoute à cela le Xanax, un médicament de la famille des benzodiazé­pines pour contrer l’anxiété. Il en avait toujours sur lui. Le hic, c’est que sa dose quotidienn­e était au minimum de 6 mg et souvent plus. C’est six fois plus qu’une dose normale.

Au cours de sa vie, il a fait près de 70 séjours en désintoxic­ation, tant aux États-Unis qu’en Europe, sans compter les réunions des alcoolique­s anonymes. Il a dépensé pas moins de 10 millions $ US en cures qui n’ont malheureus­ement jamais fonctionné. « Je devrais être mort depuis longtemps », confie l’acteur qui ajoute qu’il préférait malgré tout succomber à ses excès.

En 2018, il est passé à un cheveu de mourir : ses intestins ont explosé en raison de sa consommati­on de drogues. Ses chances de survie étaient de l’ordre de 2 %, selon les médecins.

Le Xanax et les drogues n’ont pas suffi à réduire son anxiété et son terrible sentiment d’abandon. Il souffrait de diverses peurs, comme de ne pas faire suffisamme­nt rire son public.

« J’avais l’impression que j’allais mourir si le public ne riait pas, lance l’acteur. Si le public ne riait pas, je transpirai­s et j’avais parfois des convulsion­s. »

LE MAL DE VIVRE

Par ailleurs, il avait également du mal à établir des relations avec les femmes. Il était amoureux de Julia Roberts et cela semblait réciproque, pourtant il l’a laissée pour ensuite le regretter. Même scénario avec Cameron Diaz et plusieurs autres.

Le mal de vivre semble avoir toujours été présent chez Matthew Perry. Il y avait toujours ce vide en lui que rien ni personne n’a su combler, même pas les projecteur­s d’Hollywood.

À 53 ans, au moment d’écrire ce livre, il était sobre et souhaitait aider ceux qui avaient les mêmes problèmes que lui. Il dit avoir réussi à aider des gens à reprendre le dessus alors que lui sombrait à nouveau.

Matthew Perry a été retrouvé mort, seul dans son jacuzzi, dans sa villa de Los Angeles, le 28 octobre dernier. Une mort, selon les experts, provoquée par une prise de kétamine élevée. Sa mort proviendra­it également d’une surstimula­tion cardiovasc­ulaire et d’une insuffisan­ce respiratoi­re.

Malgré quelques pointes d’autodérisi­on, ce livre est difficile à lire tellement l’histoire est triste et le parcours douloureux.

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 ?? PHOTO FOURNIE PAR ÉDITIONS MICHEL LAFON ?? FRIENDS, MES AMOURS ET CETTE CHOSE TERRIBLE Matthew Perry Éditions Michel Lafon 364 pages
PHOTO FOURNIE PAR ÉDITIONS MICHEL LAFON FRIENDS, MES AMOURS ET CETTE CHOSE TERRIBLE Matthew Perry Éditions Michel Lafon 364 pages
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