Le Journal de Quebec - Weekend

BELLE FICTION HISTORIQUE

SUR LA MYTHOLOGIE VIKING

- ANNE-MARIE LOBBE Collaborat­ion spéciale anne-marie.lobbe@ quebecorme­dia.com

Voyages, aventures et conquêtes sont au rendez-vous dans Terres vikings, la nouvelle série de fiction historique de l’autrice Élodie Tirel. Au fil des pages, les jeunes lecteurs voyagent à la fois dans le temps, au premier millénaire, mais aussi en Islande et au Groenland.

Qu’est-ce qui vous plaît de ce mélange de fiction et d’histoire, en littératur­e jeunesse ?

C’est la première fois que je fais ça ! J’ai eu envie de me tester un peu ; de voir si je pouvais arriver à raconter une histoire dans un contexte historique réel. Ça me permettait de trouver un lien historique qui réunit à la fois l’Europe et aussi le Canada, le Québec et Terre-Neuve, en particulie­r. Je trouvais que c’était sympa, puisque j’ai des lecteurs sur les deux continents, de pouvoir avoir un fait historique réunissant nos deux terres lointaines !

Avez-vous une fascinatio­n pour la mythologie viking ?

J’ai toujours adoré cette époque. Avant de commencer ma série, j’ai fait énormément de recherche, afin de savoir à quelle période viking j’allais situer mon intrigue… Est-ce que j’allais la situer au début, dans les raids ? Mais alors, on tombait dans des raids sanglants et c’était plus compliqué pour une série de littératur­e jeunesse. À l’époque, l’Islande était une terre pacifiée. Il n’y avait pas trop de conflits, jusqu’à l’an 1000. Les héros de mon récit quittent leur terre natale, puisqu’ils souhaitent conserver leurs traditions ancestrale­s, leurs croyances, leurs dieux, leurs rites.

Votre récit nous fait voyager en l’an 1000. Croyez-vous que les ados peuvent se reconnaîtr­e, dans une époque aussi éloignée ?

Les thèmes qui sont propres aux adolescent­s – à savoir l’envie de s’émanciper, devenir des adultes, les amitiés, les prémices de l’amour, aussi – sont des thèmes universels. On peut les retrouver même si les préoccupat­ions de l’époque ne sont pas forcément les mêmes.

Les personnage­s principaux de votre récit, des jumeaux, ont une superbe relation de protection et de complicité…

Liv et Tysvald sont très fusionnels. Afin que ma série puisse plaire à la fois aux garçons et aux filles, je souhaitais avoir deux héros adolescent­s, un masculin et un féminin. En plus, dans la mythologie, le fils et la fille d’Odin sont des jumeaux, alors je trouvais ça intéressan­t que ça se répète.

La mère de Liv lui dit qu’elle est une vraie Viking ! Qu’est-ce qui ferait de vous une bonne Viking ?

Les femmes vikings avaient les clés de la maison. Elles étaient les gardiennes de la famille… En ce sens, je me retrouve peut-être, dans l’unité de la famille. Elles étaient le lien ; le garant de la sécurité de leur clan familial. Même si certaines étaient des guerrières. Elles pouvaient prendre les armes pour défendre leurs proches. Je ne sais pas si j’ai l’âme d’une guerrière, non plus (rires )! Est-ce que ça m’aurait plu d’être une Viking ? Je l’ignore, mais j’éprouve beaucoup de plaisir à raconter des histoires sur cette époque !

Écrivaine transgenre vivant en Finlande, Sophie Labelle propose une incursion émouvante dans la réalité des ados qui se retrouvent en famille d’accueil, dans son nouveau roman jeunesse, En coup de vent. Son personnage principal, Émilie, a 16 ans. Elle est transgenre et a déjà vécu dans sept familles d’accueil différente­s. Pour une fois, une nouvelle famille la reçoit à bras ouverts.

Émilie a l’habitude de se faire discrète. Elle ne demande rien. Elle ne veut pas être redevable à qui que ce soit le jour où, inévitable­ment, elle devra partir. Tel un oiseau de passage, elle s’arrête pendant quelque temps… sans tisser trop de liens, car le jour des adieux arrivera assez vite.

Un jour, son intervenan­te lui apprend qu’elle lui a trouvé un nouveau foyer. Elle déménage une fois de plus. Et cette fois, les personnes qui l’accueillen­t sont transgenre­s comme elle et décidées à lui prouver qu’elle a sa place chez eux.

Sophie Labelle, jointe en Autriche alors qu’elle participai­t au Salon du livre de Vienne, commente avec joie son nouveau roman, En coup de vent. Elle y explore le quotidien des ados qui vivent dans des familles d’accueil et le quotidien des jeunes personnes trans, leur résilience, leur capacité d’adaptation.

« C’est mon cinquième roman en cinq ans. J’ai un bon rythme ! Je trouve ça drôle que beaucoup de gens me disent que ce sont des thèmes qui sortent de l’ordinaire alors que pour moi, ça a été vraiment le plus personnel que j’ai écrit », dit Sophie Labelle. « Les intervenan­ts en famille d’accueil et tout ça, c’est des choses que j’ai vécues étant donné que mes frères et moi avons été un peu barouettés par la DPJ. »

La rencontre de plusieurs familles d’accueil LGBTQ+ lui a aussi permis d’établir un cadre très réaliste pour le roman. « Étant donné que je voyage beaucoup à cause de mon travail, j’ai rencontré des gens avec des bagages différents, avec des situations familiales différente­s également », explique l’écrivaine.

« Ces jeunes trans/gais qui se retrouvent à la rue, qui se retrouvent dans le système des familles d’accueil, vont souvent, comme Émilie, se retrouver à aller d’un foyer à l’autre sans que personne ne veuille les adopter. C’est assurément quelque chose que j’ai vu fréquemmen­t et c’est ce qui m’a donné le goût d’en parler. »

PROCESSUS DE GUÉRISON

Sophie Labelle précise que son roman ne se veut pas « pédagogiqu­e » par rapport aux personnes trans.

« Les gens ne vont pas trouver des réponses à leurs questionne­ments sur les personnes trans dans ce livrelà. Mais la beauté de la chose, c’est que c’est vraiment important pour moi, dans un processus de guérison. »

« Ce qui me motive à écrire, c’est vraiment de créer des histoires dans lesquelles les jeunes LGBTQ+ peuvent se reconnaîtr­e. La plupart des histoires qu’on voit à la télé, sur Netflix, name it, sont toujours dans le but de divertir ou d’éduquer des personnes qui ne sont pas LGBTQ+. »

Sophie Labelle ajoute que son but, dans son écriture, est de raconter des histoires qui permettent à ces jeunes de se reconnaîtr­e, sans se sentir observés, auscultés et jugés.

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T.1 : LE GRAND VOYAGE
Élodie Tirel, Éditions Michel Quintin 340 pages, dès 13 ans
TERRES VIKINGS T.1 : LE GRAND VOYAGE Élodie Tirel, Éditions Michel Quintin 340 pages, dès 13 ans
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 ?? ?? EN COUP DE VENT Sophie Labelle Éditions Hurtubise 240 pages
EN COUP DE VENT Sophie Labelle Éditions Hurtubise 240 pages

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