Le Journal de Quebec - Weekend

« C’EST COMME SI JE N’AVAIS PLUS DE PUDEUR » – VALENCE

« L’album est un mouvement. Je voulais qu’on sente le temps qui passe, de la tombée de la nuit jusqu’au lever du soleil ». Autant dire que le nouvel album de Valence, La nuit s’achève, porte bien son nom.

- MÉLISSA PELLETIER

Beaucoup d’oreilles étaient tournées vers Vincent Dufour lorsqu’il a remporté les Francouver­tes en 2020 avec le projet Valence. Le premier album Pêle-Mêle, salué par la critique, a confirmé le talent de l’artiste originaire de Québec qui lance son deuxième effort indie pop.

« J’ai commencé à écrire tard dans la nuit. J’essayais de faire sortir toutes les idées, d’aller dans un terrain de manque de sommeil », se remémore le musicien dans la fin vingtaine. « C’est comme si je n’avais plus de pudeur, ajoute-t-il. J’écrivais des trucs qui n’avaient pas vraiment de sens, mais qui mettaient des mots sur des choses plus vraies que ce que j’aurais écrit dans un état de contrôle. »

Cette technique lui a permis de mieux cerner un état trouble.

« C’était une période où j’étais plus à distance de mes émotions, ce que je ne sens plus aujourd’hui », souffle Valence. Une surprise pour lui. « Je ne me suis jamais vu comme un artiste pour qui la création est thérapeuti­que. Peut-être que ça l’a été un peu finalement… » Valence trace ainsi un fil narratif « proposé, mais pas imposé ».

« Au début de l’album, le protagonis­te a peur de tomber, explique-t-il. Je vois la fin comme une sortie de soi, de l’inertie et de la peur. »

LÂCHER LA BRIDE

Après un travail très méticuleux pour Pêle-Mêle, Valence a eu envie d’adopter une approche moins « interventi­onniste » en studio.

« Dans mon moment de création solo, j’étais allé au bout de quelque chose. J’avais besoin de personnes qui allaient comprendre ma vision, et qui allaient l’amener plus loin. »

Il faut dire qu’il était entre bonnes mains avec le réalisateu­r Alexandre Martel (Hubert Lenoir, Lou-Adriane Cassidy), qui a d’ailleurs réalisé l’album Ï du feu groupe de Vincent Dufour, Medora.

« Il y avait quelque chose de familier et touchant. Alexandre m’a mené à baliser mon doute. À ne pas perdre de vue ma direction artistique. »

« Notre époque permet d’aller où on veut, de surprendre », réfléchit celui qui ne s’attache pas à l’étiquette des années 70 apposée à son premier album.

« Mes deux pôles d’influence pour La nuit s’achève, c’est la britpop et la musique de films français, comme celle du film Le Mépris créée par Georges Delerue. »

« Je pense que je vais toujours être en recherche de nouvelle méthode de création. Je veux créer des bulles, des albums où il y a un cheminemen­t. Un début, une fin. C’est comme ça que je veux créer dorénavant. »

Alors qu’il s’apprête à parcourir le Québec – « le plus loin avec la plus grande formation possible, j’espère », Valence regarde aussi du côté de l’Europe et des États-Unis. « Bref, je veux jouer ! »

La nuit s’achève de Valence est disponible via Chivi Chivi.

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LA NUIT S’ACHÈVE

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