Le Journal de Quebec - Weekend
RÉUNION DE FANTASY ET DE CULTURE ANTILLAISE
Écrivaine douée et lumineuse, Mélodie Joseph offre aux amateurs de fantasy le second volet d’une série fort originale, La semeuse de vents. Dans La Chèvre Noire, un roman aux accents tropicaux, ses admirateurs retrouveront Olive, l’unique survivante d’un peuple exterminé à cause de ses pouvoirs magiques. Mélodie Joseph explore l’histoire des Antilles et la mémoire des Antillais à travers une histoire d’apprentissage étonnante, originale et très divertissante.
Embarquée à bord de l’aéronef pirate La Chèvre Noire – une sorte de dirigeable –, Olive se lance dans une chasse au trésor pour retrouver un instrument mythique. Assistée par un équipage en quête d’aventure, elle apprend à maîtriser le vent et espère parvenir un jour à venger la mémoire de son peuple grâce à la boussole méridionale.
« J’avais envie d’explorer le concept de la famille de choix dans La Chèvre Noire. Le fait de se trouver une famille lorsqu’on est rejeté par la société pour ses différences, parce qu’on est discriminé », explique Mélodie Joseph en entrevue.
« Je vois vraiment La semeuse de vents comme une histoire d’apprentissage. Dans La Chèvre Noire, c’est l’étape de la vie d’Olive où elle pense se trouver une place, une famille, des amis... une place dans le monde. »
Mélodie Joseph a eu cette idée d’un bateau pirate volant appelé La Chèvre Noire dès le début de la série.
« Il y a un peu d’inspiration steampunk parce que dans le steampunk, il y a parfois des bateaux volants. Ce sont souvent des ballons dirigeables. Je me suis dit que je pouvais combiner les deux ! »
L’ÂGE D’OR DE LA PIRATERIE
Mélodie Joseph est fascinée par l’âge d’or de la piraterie, d’autant qu’elle est née en Martinique et a grandi à Saint-Martin.
« À Saint-Martin, je n’entendais pas beaucoup parler de la piraterie. Il y a quelques histoires, des plages, des baies où on sait que des pirates sont allés, mais on n’en parle pas tant que ça. »
« Une de mes sources d’inspiration, quand j’ai commencé l’écriture de La semeuse de vents, c’était justement la série télévisée Black Sails, qui parle de la fin de l’âge d’or de la piraterie », ajoute l’écrivaine. Cette télésérie diffusée entre 2014 et 2017 se déroule 20 ans avant L’Île au trésor, le classique de Robert Louis Stevenson.
« Dans la dernière saison, on parle aussi des nègres marrons : les esclaves qui réussissaient à s’échapper des plantations. Il y en a eu pratiquement dans toutes les Antilles : en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane. Et ils allaient se cacher dans les montagnes. Il y en a qui ont travaillé avec des pirates... et parfois ils sont devenus des pirates. »
UNE COULEUR ANTILLAISE
Mélodie Joseph donne une couleur antillaise à son roman, s’inspirant des Antilles pour écrire certaines scènes.
« Par exemple, pour les relations d’Olive avec sa mère et sa grandmère, je me suis inspirée de ma relation avec ma propre grand-mère. » Elle va plus loin avec l’afrofantasy. « C’est vraiment l’écriture de la fantasy, avec une inspiration d’origine afrodescendante », précise-t-elle. «Je peux montrer l’ afro descendance par Olive et ses origines, l’île d’où elle vient. Je me suis beaucoup inspirée de la Martinique pour créer la culture de cette île, par exemple dans les vêtements que portent les personnages, la nourriture, les plantes. »
Plusieurs personnes lui ont fait remarquer que le thème de la mémoire revenait beaucoup dans son écriture.
« Ça peut être lié aussi à l’histoire des Antilles françaises [Martinique et Guadeloupe] avec l’esclavage. Je me dis que c’est une perspective très intéressante et c’est peut-être quelque chose qui transparaît dans l’histoire, à cause de mes origines et de ma culture. »