Le Journal de Quebec - Weekend
Alexis Jenni est la preuve que le prix Goncourt peut rendre heureux
PARIS | (AFP) Si l’histoire littéraire a retenu le cas de lauréats rendus malheureux par leur prix Goncourt, il en existe aussi d’heureux, comme Alexis Jenni, qui écrit et publie beaucoup – quatre livres en six mois.
« Je vais très bien ! », dit l’écrivain à l’AFP. Ce n’était pas donné. Comme il le raconte dans Le cerveau, qu’est-ce que ça change, publié en janvier, il a été victime d’un accident vasculaire cérébral en novembre 2022.
Lançant une collection d’essais brefs chez l’éditeur suisse protestant Labor et Fides, ce texte percutant raconte les modifications de sa perception après cet AVC, et ce que la neurologie sait aujourd’hui du cerveau. C’est drôle et intelligent à la fois.
« L’organe touché va bien. Je n’ai pas perdu l’usage de ma cervelle. Même si je ne voyais que la moitié des choses, et que c’était compliqué, en rigolant je disais que j’avais eu un AVC de nanti », explique Alexis Jenni, 60 ans.
L’homme a un parcours singulier en littérature. Professeur de sciences, « écrivain du dimanche », il n’a jamais réussi à se faire publier avant ses 48 ans avec L’Art français de la guerre. Cette fiction sur un ancien des guerres d’Indochine et d’Algérie obtient le prix Goncourt. Il devance entre autres Sorj Chalandon, qui court encore aujourd’hui après cette récompense.
L’INTELLECT RESTE VIF
« Je ne suis pas du tout un écrivain mélancolique, sombre et désespéré, ajoute-t-il. Pendant 20 ans, j’avais écrit sans être publié, en étant toujours refusé. J’ai continué à écrire après. J’ai publié 25 bouquins depuis ».
En octobre, c’était Nous, aux éditions Gallimard, recueil de trois ans de chroniques pour le quotidien La Croix.
En avril, ce sera Le Naturaliste, une biographie d’un scientifique qu’il admire, le biologiste Francis Hallé, aux éditions Paulsen, et un beau-livre sur la Seconde Guerre mondiale d’un célèbre photographe, Robert Capa, libérations, aux éditions du Seuil.
Preuve que oui, l’intellect reste vif.