Le Journal de Quebec - Weekend

LE CHEMINEMEN­T PASSIONNÉ DE NATHALIE DOUMMAR

- SABIN DESMEULES

Elle est aujourd’hui une actrice, autrice et chanteuse comblée. Ces dernières années, Nathalie Doummar a décliné avec grâce ses talents, tant à l’écran que sur scène. Mais pour y arriver, elle a dû rompre avec des valeurs traditionn­elles de sa culture et de ses proches, et assumer enfin ses véritables passions, qui ne demandaien­t qu’à surgir.

« J’ai été chanceuse ces dernières années. J’en suis très reconnaiss­ante. J’ai eu la chance de concrétise­r plusieurs de mes propres projets et de participer à plein d’autres, très stimulants et riches. Ç’a été chargé, mais rempli de beaucoup de bonheur », confie-t-elle.

Elle incarne la Dre Élise LemieuxMor­ency, une amie de l’enquêteur André Surprenant (Patrick Hivon), dans la série policière coup de coeur Détective Surprenant : La fille aux yeux de pierre.

« Le tournage aux îles de la Madeleine a été un cadeau ! »

PLUSIEURS PROJETS

La comédienne rejoint aussi la quatrième saison de L’oeil du cyclone. Elle y joue Chrystel, l’accompagna­nte à la naissance du couple formé par Mylène et l’ex d’Isabelle, Jean-François (Catherine Souffront et Patrick Hivon), qui attendent un enfant. « Elle est très ésotérique et organise des cérémonies de maternité. »

Nathalie est aussi une cliente du salon d’esthétique où travaille Pauline dans Coeur vintage. La série est une idée originale d’Émilie Bibeau, avec qui elle a développé des liens amicaux.

Il faut dire qu’elles font aussi partie d’un même spectacle, L’éternelle Renarde ,sur les traces de Pauline Julien, qui sera de retour en mars à la Salle Claude-Léveillée à Montréal et à la Salle Louis-Fréchette à Québec.

« Émilie et moi, on habite dans le même quartier. Ses beaux-enfants vont à la même école que mes filles. Entre nous, il y a beaucoup d’entraide et de complicité. […] C’est une belle amitié ! Et je sais que, parmi les gens qu’elle a choisis pour sa série, plusieurs sont ses amis, donc j’étais très contente d’en faire partie ! »

Plus tard cette année, on la verra dans la série Bellefleur, décrite comme « une comédie dramatique bienveilla­nte sur la masculinit­é positive ». « C’est quelque chose qu’on n’a pas encore vu », note l’actrice.

Si la comédienne multiplie les rôles au fil des années, la dramaturge n’est pas en reste. On lui doit des pièces solides : Coco, Sissi, L’amour est un dumpling, Le loup, Mama…

« J’ai découvert que j’aimais écrire en faisant une création collective à l’école de théâtre. »

ROMPRE AVEC LES TRADITIONS

Ses parents sont nés en Égypte, elle a vu le jour au Québec et a été élevée dans les valeurs du pays de ses ancêtres. Nathalie a étudié à l’université afin de pouvoir enseigner au primaire, ce qu’elle a fait pendant quelque temps.

« Parce que chez nous, c’est important d’avoir un diplôme qui va nous assurer une certaine stabilité dans la vie. » Ce n’est qu’à l’âge de 25 ans qu’elle est entrée à l’école de théâtre. Par amour pour sa famille et le respect des traditions, Nathalie a un peu réprimé sa marginalit­é et a tenté d’entrer dans un moule.

« J’étais quelqu’un qui sortait un peu du lot. Dès l’enfance, je sentais cette espèce de décalage entre moi, mes amis et mes cousines… J’étais un peu plus exubérante et je sentais que c’était problémati­que de l’être. Alors j’ai eu le désir d’appartenir à la culture et d’avoir une vie établie, quelque chose de solide, de prouver que j’étais capable, moi aussi, de suivre la tradition. »

Elle a donc épousé son ami d’enfance, avec qui elle a eu ses deux filles, qui ont 11 et 7 ans.

« J’étais très proche de lui. Personne ne m’a obligée à le marier ! On est tombés amoureux à l’âge adulte. Dans ma gang d’amis, on s’est tous mariés entre nous. »

De tous les couples de cette bande de potes d’enfance, Nathalie et le père de ses filles sont les seuls à être aujourd’hui divorcés.

« Il y a beaucoup de choses que j’ai faites parce que c’est ce que les gens faisaient dans ma culture, autour de moi. Il y a eu des vagues de mariages chez nous ! Chaque été, il y en avait cinq, six, sept... Pour moi, ça s’est fait assez vite, on a fait des enfants et, à un moment donné, j’ai eu l’impression que je n’avais pas eu le temps de vraiment choisir ma vie. »

Ces choix lui ont coûté cher. « Mes parents ont été extraordin­aires d’accepter tout ça, ils partaient de tellement loin ! Mais certains membres de ma famille n’auront jamais accepté ça. J’ai perdu l’estime d’une bonne partie des personnes de ma communauté, mais le plus difficile était de savoir que mes choix avaient causé de la souffrance à des personnes que j’aimais beaucoup. »

Nathalie Doummar est au générique des séries Détective Surprenant : La fille aux yeux de pierre, sur Club illico, ainsi que Coeur vintage et L’oeil du cyclone ,sur Tou.tv Extra. On la verra plus tard cette année dans Bellefleur, sur Crave.

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