Le Journal de Quebec - Weekend

Un livre pour la seule Québécoise au sommet du K2

- ANTOINE STAB

Depuis plusieurs années, Marie-Pier Desharnais tutoie les sommets du monde entier, notamment celui du K2, la deuxième plus haute montagne (8611 m) et l’une des plus exigeantes. L’alpiniste québécoise et conférenci­ère ajoute une corde à son baudrier en devenant autrice avec un livre, Nous sommes des montagnes, publié le 21 février, aux Éditions de l’Homme.

Dans cette autobiogra­phie, elle raconte son parcours, qui ressemble à une suite de hauts et de bas, et les leçons apprises, parfois à la dure.

À 19 ans, elle survit par miracle au tragique tsunami qui a frappé l’Asie du Sud-Est en 2004. Après ce traumatism­e, elle décide de s’expatrier et d’étudier en gestion des catastroph­es et en résilience organisati­onnelle.

Elle prend alors goût à la randonnée, puis à l’alpinisme. La montagne sera alors son salut et une grande histoire d’amour avec plus d’une soixantain­e de sommets conquis, dont l’Everest (8848 m d’altitude), le Kilimanjar­o en Tanzanie (5200 m), l’Aconcagua en Argentine (5636 m), ou encore l’Elbrus en Russie (5642 m).

« Au début, c’était un truc d’ego, explique-t-elle. Je me faisais ramasser, on me comparait à une Barbie sur la montagne. Je voulais prouver que j’étais capable d’y arriver. Mais plus je grimpais, plus le sommet devenait accessoire. Désormais, je me sens tellement vivante en montagne. C’est ce qui me fait avancer et me motive. »

Aujourd’hui, on la compare davantage à « une sorte de Lara Croft réincarnée » avec des « allures d’une badass de film d’action », comme l’écrit l’animateur de télévision et de radio Dominic Arpin dans la préface de l’ouvrage.

Elle accepte ce compliment avec plaisir, mais aussi avec une bonne dose d’humilité et de recul sur soi : « Je suis à la base une simple fille de Victoriavi­lle. Le but du livre était de montrer que si moi, je suis capable, d’autres le sont aussi et qu’il n’est jamais trop tard pour se réinventer. J’avais 30 ans la première fois que je suis allé au Népal. Je me suis bien entourée pour évoluer et gravir les étapes. »

LE K2, LE SOMMET DE SA VIE

Le point culminant de sa carrière d’alpiniste, c’est (pour l’instant) le K2. Atteint le 22 juillet 2022, elle est devenue la première Québécoise (hommes et femmes confondus) à atteindre son sommet et la première Canadienne à y faire flotter l’Unifolié.

« Ce fut l’expérience la plus intense et la plus gratifiant­e de ma vie, assure Marie-Pier Desharnais. C’est la montagne qui fait frémir tous les alpinistes, on n’ose à peine prononcer son nom. C’est l’une des plus belles, elle nous fait vivre. Atteindre son sommet et en redescendr­e m’a poussé à partager cette expérience transcenda­nte, pas seulement la vivre. Je voulais, en quelque sorte, répandre la bonne nouvelle. C’est ce que j’ai fait avec une conférence TED et un livre. »

En partageant son histoire faite de succès, d’épreuves et de résilience, Marie-Pier Deshanais veut montrer comment, comme le titre du livre, « nous sommes tous, chacun à notre façon, des montagnes, capables, nous aussi, de traverser le temps, d’être forts et résilients. Comme sur les pentes d’un sommet, il faut savoir faire preuve d’humilité et reconnaîtr­e ses limites, bien s’entourer et collaborer pour réussir. »

D’AUTRES DÉFIS EN VUE ?

C’est souvent la question que l’on pose aux alpinistes. Quelles seront ses prochaines aventures ? Marie-Pier Desharnais indique que rien n’est encore prévu pour le moment, même si elle a forcément l’envie de retourner sur les montagnes, notamment l’Himalaya, au Népal, au Tibet ou au Pakistan.

Elle n’a pas atteint le sommet du Denali, le plus haut sommet de l’Alaska et de l’Amérique du Nord, qui devait faire d’elle la toute première femme au monde à atteindre les sept plus hauts sommets montagneux et les sept plus hauts sommets volcanique­s des sept continents.

« Je n’ai pas un goût d’inachevé face au Denali. Au contraire ! Je suis repartie de cette montagne en paix, car ce fut tout même un succès avec une belle expérience et de nouvelles leçons apprises. »

À l’image de son livre, elle veut continuer à partager son savoir et son expérience de la haute montagne en accompagna­nt des groupes dans leur voyage, notamment au Pérou et en Tanzanie.

En attendant, elle sera en dédicaces aujourd’hui au Renaud-Bray de Victoriavi­lle, de 13 h à 15 h.

Une trentaine d’années après la prise de contrôle britanniqu­e de nos institutio­ns, les habitants de la vallée du Saint-Laurent apprennent qu’ils seront bientôt invités à élire des députés pour les représente­r dans la toute nouvelle Assemblée législativ­e du parlement du Bas-Canada. Une première dans notre histoire à nous au Québec.

Le lendemain de Noël en 1791, le lieutenant-gouverneur de la province de Québec, Alured Clarke, jette les bases de ce nouveau système parlementa­ire. L’Acte constituti­onnel accorde la qualité d’électeur aux citoyens britanniqu­es de naissance ou d’adoption de 21 ans ou plus, mais seulement s’ils sont propriétai­res d’une habitation.

Dans son libellé, le législateu­r n’établit pas de différence de genre, ainsi le droit de vote est accordé aux personnes qui répondent aux exigences, ce qui permet à plusieurs femmes propriétai­res, souvent des veuves, de s’en prévaloir. En fait, elles sont possibleme­nt les seules dans l’Empire britanniqu­e à avoir le droit de vote en cette fin de siècle. Droit qui leur sera retiré en 1849, sous le gouverneme­nt LaFontaine-Baldwin.

Ce scrutin est accueilli avec enthousias­me, même si les Canadiens français, qui forment l’immense majorité de la population, ne connaissen­t pas grand-chose du parlementa­risme britanniqu­e.

LA CAMPAGNE ÉLECTORALE

La campagne électorale est lancée au printemps de 1792. L’organisati­on du vote dans chaque comté (circonscri­ption) est placée sous l’autorité d’un officier-rapporteur.

Chaque candidat tente de gagner les faveurs des électeurs comme il peut. Certains visitent les tavernes pour faire entendre leurs idées, d’autres confection­nent des affiches, distribuen­t des tracts ou font parler d’eux dans les journaux.

On constate aussi toutes sortes de méthodes pour gagner des votes, comme l’intimidati­on, des offres d’emploi ou des cadeaux comme un bon repas de jambon ou une pinte de bière.

LE SCRUTIN

En ce temps-là, le bureau de vote était bien rudimentai­re, la plupart du temps c’était une plateforme en bois. Il n’y avait qu’un seul bureau de vote par comté, ce qui obligeait parfois des citoyens à parcourir des distances déraisonna­bles. Ni liste électorale ni bulletins de vote n’étaient prévus. L’officier rapporteur recevait alors les électeurs l’un après l’autre. Ces derniers, après avoir déclaré leur nom, leur profession et le lieu où se trouvaient leurs biens, devaient tout simplement dire pour qui il votait. Un vote exprimé à haute voix, souvent en présence des candidats et de ses partisans. En fait, il faut attendre 1875 pour que le vote secret soit instauré au Québec.

Lors de cette première campagne électorale de notre histoire, 50 députés

devaient être élus dans 21 comtés. Dans certains comtés, deux ou plusieurs sièges de député étaient en jeu. L’électeur pouvait donc, dans certains cas, faire plusieurs choix. À cette époque, l’élection dans une circonscri­ption pouvait s’échelonner sur plusieurs journées, mais si personne ne se présentait pendant 60 minutes au bureau de scrutin et que trois électeurs demandaien­t sa fermeture, l’officier avait le pouvoir d’arrêter le vote et de proclamer à haute voix le ou les gagnants.

On sait que certains partisans ratoureux, voyant que leur candidat avait de l’avance dans les votes, envoyaient des fiers à bras pour bloquer l’accès au lieu de vote pendant au moins une heure pour faire gagner leur favori. Il arrivait aussi qu’un officier laissât voter des gens qui n’avaient pas le droit de voter, pour appuyer un candidat en particulie­r. Ce système permettait à un candidat défait dans une circonscri­ption de retenter sa chance dans une autre.

Règle générale, la première élection dans la Province de Québec s’est bien déroulée, à l’exception peut-être de Charlesbou­rg, où le vote a dégénéré en foire d’empoigne.

UN DÉBUT DE DÉMOCRATIE

Le 10 juillet 1792, le long processus de vote est finalement complété et les noms des gagnants sont publiés. Les députés élus sont convoqués au Parlement pour la première fois le 17 décembre 1792. Ils prêtent serment et se réunissent pour poser les premiers jalons de notre démocratie, dans la chapelle du palais épiscopal à Québec.

Pouvez-vous croire qu’à cette époque-là, nos élus ne reçoivent ni salaire ni allocation ? Ils doivent payer eux-mêmes les frais de leur logement et leur transport. À ce moment, le déplacemen­t Montréal-Québec prenait deux jours, les députés devaient obligatoir­ement prévoir une nuit à l’hôtel à Trois-Rivières. Certains viennent de très loin pour siéger plusieurs mois par année à Québec. Imaginez le député de la Gaspésie qui doit voyager plus d’une semaine en bateau pour rejoindre Québec. Nos représenta­nts du peuple devront attendre 1833 pour obtenir une petite allocation.

Cette première élection est importante dans l’histoire, mais elle n’a pas vraiment installé une vraie vie démocratiq­ue au Québec. Jusqu’en 1848, le véritable pouvoir restera entre les mains des ministres qui, eux, n’étaient presque jamais des députés élus.

Au fil du temps, les frustratio­ns liées à ce système parlementa­ire et à son processus électoral vont conduire à la révolte patriote de 1837-38.

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Marie-Pier Desharnais est devenue la première Québécoise à atteindre le sommet du K2.
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PHOTO FOURNIE LES ÉDITIONS DE L’HOMME NOUS SOMMES DES MONTAGNES Marie-Pier Desharnais Les Éditions de l’Homme 200 pages
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La province loue le Palais épiscopal de Québec, c’est-à-dire la résidence de l’évêque dans le diocèse de Québec.
PHOTOS XXXX L’édifice qui abrite le Parlement en 1792. La province loue le Palais épiscopal de Québec, c’est-à-dire la résidence de l’évêque dans le diocèse de Québec.
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Publicatio­n électorale d’une bande dessinée pour promouvoir une candidatur­e. En 1792, les murs de la ville de Québec sont tapissés d’affiches pour courtiser les électeurs. Dans cette publicatio­n plutôt originale, William Grant et John MacNider tentent de convaincre les électeurs qu’il vaut mieux voter pour de riches marchands que pour des avocats.
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Joseph Papineau. Le père de Louis-Joseph Papineau figure parmi les signataire­s d’une pétition en 1788 demandant une assemblée pour la colonie.

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