Le Journal de Quebec - Weekend
UN CHATON, UNE CABANE À SUCRE ET BEAUCOUP D’ACTION
Un chaton a élu domicile à l’érablière de monsieur Jambonneau. Son activité favorite ? Se délecter d’eau d’érable ! Cette passion sucrée le mène à se mettre les pieds (les pattes) dans les plats… La nouvelle série d’albums jeunesse de JeanPhilippe Morasse fait rire petits et grands. Srirachat, est-ce un mélange de votre passion pour les chats et pour la sauce épicée ?
Exactement [rires] ! En fait, j’essayais de trouver un jeu de mots drôle et j’ai deux chats. Quand les chats sont bébés, ce sont de véritables kamikazes ! Je voulais trouver quelque chose qui explique un peu la personnalité d’un chaton qui est enjoué et énergique.
Pourquoi aviez-vous envie de parler aux 3 à 6 ans ?
C’est bien d’avoir des morales et des messages qu’on veut passer dans des livres jeunesse, mais j’avais le goût de faire quelque chose qui soit plus focussé sur le fun. Mon éditeur et moi souhaitons aussi avoir des thématiques liées aux fêtes, aux périodes de l’année, aux coutumes québécoises […]. On veut que ça soit drôle et dynamique.
Srirachat, ce fameux chaton, comment le décririez-vous ?
Premièrement, je voulais qu’il soit attachant. Ça, c’était l’élément clé. Il va causer certains problèmes dans la maison où il s’en va, mais je ne veux pas que ça devienne une source de chicane dans la famille… Srirachat est aussi drôle et impulsif, mais il va apprendre de ses erreurs pour éviter de se remettre les pieds dans les plats deux fois de la même manière. C’est un chaton avec un bon fond !
Vous êtes également illustrateur. C’est donc vous qui avez conçu Srirachat, avec son poil roux, caramel.
Oui, car quand il court, ça peut donner une impression de feu !
Srirachat est poilu, un peu ébouriffé ; ce n’est pas un chat coquet. J’avais le goût, dans son design, qu’on ressente une douce folie, son excitation. Ce n’est pas un chat dont on sent qu’il est couché à longueur de journée ! Puis, pour moi, les yeux d’un personnage sont importants, au niveau de son expression. J’ai tenté de le rendre dynamique avec des expressions exagérées, très cartoon.
Puisque votre récit se déroule au temps des sucres, que préférez-vous de cette période de l’année ?
J’ai grandi avec un oncle qui avait une cabane à sucre, donc pour moi c’est peut-être un peu moins « spécial », dans le sens qu’on ne réservait pas une table en famille dans une cabane à sucre. Moi, ce que je connais du temps des sucres, c’est recueillir l’eau d’érable. Sincèrement, boire l’eau d’érable pure, à la chaudière comme le fait Srirachat, ça me rappelle énormément de souvenirs… C’est une odeur et une saveur qui me rattachent à d’où je viens.
Autrice de Voyage léger et de L’angoisse du poisson rouge, deux romans remarquables, Mélissa Verreault offre cette année un nouveau roman intimiste dans lequel elle brouille les frontières entre la réalité et la fiction. La nébuleuse de la Tarentule se promène entre les souvenirs traumatisants du personnage principal, Mélisa, qui doit démêler les fragments de son existence pour retrouver une paix intérieure et un chemin moins tortueux pour avancer dans la vie.
Mélisa ne comprend pas trop ce qui lui arrive : elle est plongée dans une réalité où ses perceptions à elle semblent échapper à la compréhension des autres. Ses souvenirs d’enfance, par exemple, divergent complètement de ceux qui sont évoqués par ses parents.
Un beau jour, un amour d’adolescence qui l’avait durement rejetée refait surface et lui déclare sa flamme. Mélisa tire sur le fil des souvenirs, qui reviennent par bribes. Elle devra s’y retrouver, faire le ménage dans toutes ses pensées et se définir pour être capable d’avancer.
Mélissa Verreault, écrivaine imaginative et originale, avait des choses à dire.
« C’est un projet qui m’habite depuis plusieurs années et c’est assurément mon projet le plus personnel », dit-elle en entrevue. « On peut le deviner quand on voit que le personnage a un prénom très similaire au mien et des caractéristiques qui sont similaires aux miennes. »
À PROPOS D’IDENTITÉ
Au-delà de ces aspects, elle avait envie de réfléchir à la notion d’identité, par exemple, la sienne par rapport à un personnage. Mais aussi examiner la notion d’identité, au sens large. Dans sa réflexion, toutes sortes d’éléments sont entrés en ligne de compte, comme les relations interpersonnelles, incluant dans cela l’amour, l’amitié, les relations parents-enfants. Mais aussi le sexe, la religion, les rapports de pouvoir qui peuvent s’installer dans l’un comme dans l’autre. L’argent. Le manque d’argent.
« J’ai réalisé aussi que la banlieue, c’était une partie de mon identité très forte et pas nécessairement une partie que j’aimais. C’est une partie blessée, en fait. »
« J’ai eu envie d’aller plonger là-dedans, pas pour aller gratter mes bobos, parce que ça ne m’intéresse pas de faire mon autopsychanalyse sur la place publique, mais plus pour voir ce qu’il y a d’universel là-dedans et peut-être aussi de générationnel. »
VÉCU… OU PAS
L’identité, ajoute Mélissa Verreault, est aussi attachée à un lieu : celui où on a grandi et où on a choisi de vivre par la suite.
« Ça fait beaucoup de matière que j’ai voulu explorer par le truchement d’anecdotes. » « Je voulais que ce soit exposé et exploré par l’entremise de faits peut-être vécus, peut-être pas… C’est le jeu. On n’aura pas de réponse et c’est là où on peut vraiment avoir du plaisir. »