Le Journal de Quebec - Weekend

LES ROUAGES D’UNE GROSSE SCÈNE D’ACTION

Cinq questions à Mathieu Handfield, réalisateu­r d’Alertes

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante@quebecorme­dia.com

Depuis deux saisons, Mathieu Handfield coréalise la série policière Alertes, un genre qu’il consomme beaucoup comme téléspecta­teur. On lui doit les épisodes depuis janvier, dont l’intrigue haute en émotions impliquait une bombe, une enfant et un terroriste charismati­que. Lily-Rose, Renaud, Guillaume et Stéphanie en ont eu plein les bras.

Mais c’est d’abord comme acteur que Mathieu Handfield s’est fait connaître. On l’a vu notamment dans Rock et Rolland, Fatale Station, Le jeu, Les invisibles et La Bolduc. À la réalisatio­n, il travaille dans le détail. Il s’est fait la main avec l’animation de style stop motion .Sasérie Mouvement Deluxe, plusieurs fois primée, est à découvrir. Il a aussi fait son chemin en comédie avec En tous cas, Caméra café 2.0 et Gazebo, entre autres.

Quand on réalise une série policière, y a-t-il des codes à respecter ?

La façon de réfléchir les cadres et de découper est complèteme­nt différente. En comédie par exemple, tu dois attirer le public au bon endroit pour que le punch fonctionne. En policier, c’est un mood qu’on installe. Je peux bouger avec la caméra, laisser vivre une mise en scène, les plans peuvent être plus longs, je peux mettre des inserts (gros plans d’objets, d’indices ou autres qu’on doit montrer au public). C’est Julien Hurteau (qui réalise l’autre partie de la saison) qui m’a présenté à l’équipe. Même si sur papier j’avais surtout fait de la comédie, je suis vraiment dans mes souliers sur Alertes. C’est un univers que j’aime explorer.

Comment se tourne une scène aussi complexe que le récent désamorçag­e de bombe ?

C’est une longue scène qui implique beaucoup de personnage­s importants (Cindy, Alice, Kim, Stéphanie, LilyRose…). On se soucie de chacun d’eux. Renaud n’est pas figurant. Il faut voir comment on les éclaire, d’où on prend le son. Tout est tourné à une seule caméra. Je travaille avec le directeur photo, Simon Therrien. Habituelle­ment, on tourne entre 8 et 10 pages confortabl­ement dans une journée. Cette fois-ci, on a consacré la journée entière à une scène d’une demi-page. Ça demande une préparatio­n exponentie­lle et une grande discipline. On a un coordonnat­eur de cascades, des balles à blanc, des doublures de costumes avec du sang. On refait la scène plusieurs fois avec un point de vue différent. Les acteurs sont de véritable Formule 1. Plusieurs scènes sont des one take. Pour cette scène, il y avait 46 plans comparativ­ement à une scène normale qui en contient quatre.

Ça doit être tout un défi de s’assurer de la véracité d’une telle scène ?

On est en compétitio­n avec les séries lourdes (moins d’épisodes qui bénéficien­t de plus de budget) et les séries américaine­s. Il y a tout le volet effets spéciaux, les débris qui revolent, les trous de balle. Je dois valider avec la postproduc­tion avant le tournage pour rendre le tout plus spectacula­ire. Selon les angles, c’est parfois plus facile d’effacer un trou de balle que d’en créer un. Nous avons de vrais policiers avec nous. Le contenu a été validé en amont avec un consultant, mais sur le plateau, nous avons une véritable expertise qui possède un vrai ressenti. Un conseiller nous a dit qu’en entrant sur ce genre de scène, les intervenan­ts doivent accepter l’idée de ne pas en ressortir vivant. Le but est de diminuer les pertes humaines. Ça nous donne des notions humaines, pas seulement techniques.

On sait que les scènes sont tournées dans le désordre. Comment arrives-tu à ce que les acteurs soient dans la bonne émotion dans des circonstan­ces si intenses ?

Avec la scripte, on se fait des petits briefs. On visualise où nous sommes dans l’ensemble de l’enquête. Si un acteur a besoin de jus émotif, je vais faire un monologue intérieur avec lui, un pep talk. Les acteurs réguliers sont si accueillan­ts sur Alertes pour ceux qui se joignent à une intrigue. Tous doivent se sentir bienvenus.

Il y a des touches d’humour avec certains personnage­s. En quoi est-ce important ?

Ça ne peut pas être tout le temps heavy. Ils ne vont pas faire de blague alors qu’une petite fille est disparue, mais ils ont aussi leur vie. Sinon, ça ne serait pas sain pour eux. Ils ne sont pas que leur fonction, ils sont aussi des gens. Pénélope est psy, mais c’est aussi une amie, une amoureuse. C’est de la vraie vie. La dernière enquête est plus bling bling, plus jeune. On est moins dans l’alerte. Ça va permettre de découvrir l’équipe d’une autre façon.

■ Alertes, lundi 21 h à TVA

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Mylène St-Sauveur, Frédéric Pierre et Sophie Prégent dans une scène d’Alertes.
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