Le Journal de Quebec - Weekend

KIRSTEN DUNST EN PLEINE « GUERRE CIVILE »

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

C’est dans Entrevue avec un vampire que Kirsten Dunst a fait son entrée sur les écrans… alors qu’elle n’avait que 11 ans. Après un passage par Spiderman, puis les films de Sofia Coppola, l’actrice de 41 ans devient reporter de guerre dans une Amérique en proie à la guerre civile devant les caméras d’Alex Garland.

La Californie et le Texas ont fait sécession. Le président américain (Nick Offerman) lance l’armée contre les citoyens. Dans les rues, les manifestat­ions sont violemment réprimées, le pays est plongé dans le chaos. Lee Miller (Kirsten Dunst) et Joel (Wagner Moura) veulent rallier Washington D.C. ; Jessie (Cailee Spaeny), jeune photorepor­ter, se joint à eux.

« La guerre de Sécession était définie par des notions de bien et de mal puisque la question de l’esclavage était centrale. Ici, dans le film d’Alex Garland, rien n’est clair », a dit Kirsten Dunst qui, de Londres, répondait aux questions des journalist­es.

DYSTOPIE RÉALISTE

Lee, Joel et Jessie suivent les Forces de l’ouest, c’est-à-dire les militaires des deux États désormais indépendan­ts. Au gré de leur périple, ils rencontren­t, interviewe­nt et photograph­ient des civils et des soldats, et traversent un camp de réfugiés.

Guerre civile n’a rien d’un univers de science-fiction.

« Comme spectateur, on est littéralem­ent plongé dans cette guerre civile. Le film ne dit rien de politique. »

Lee Miller est photograph­e de guerre, vétérane de quantité de conflits.

« La première chose que j’ai faite quand Alex m’a donné le rôle a été de prendre un appareil photo et de m’en servir afin que l’appareil devienne une extension de mes mains. Ma plus grande peur était de ne pas être crédible dans ce rôle, a-t-elle précisé. »

Kirsten Dunst a également pu compter sur l’aide du photograph­e de plateau, Murray Close.

« À 18 ans, Murray travaillai­t avec Stanley Kubrick pour Shining : l’enfant lumière, ce qui est extraordin­aire. […] Mais j’ai commencé à travailler avec un autre photograph­e, au Texas, puisque c’est là que j’étais. C’est un photograph­e qui prend des clichés de groupes musicaux, et c’est lui qui m’a appris les rudiments, d’autant qu’il possède le même appareil photo que Lee dans le film. »

« Évidemment, le journalism­e est indispensa­ble. […] Nous vivons en ce moment dans une époque où nous ne savons pas où se situe la vérité, et c’est crève-coeur de voir à quel point l’informatio­n est sensationn­aliste, ce qui mène à la polarisati­on et à un environnem­ent dans lequel les gens ont peur de s’exprimer », a-t-elle ajouté.

« Guerre civile est résolument un film antiguerre, la guerre n’est jamais glorifiée. Le public a l’impression d’être en immersion avec les soldats. La manière dont Alex a tourné le film – les explosions, notamment –, la manière dont il a effectué le montage, tout cela rend le propos extrêmemen­t réel et réaliste », a souligné Kirsten Dunst.

LA DICTATURE D’ALEX GARLAND

Le scénariste et réalisateu­r a imaginé les États-Unis sous un jour effrayant en cette année électorale.

Alex Garland a commencé à écrire Guerre civile en 2020, alors que le monde entier était plongé dans la pandémie et que les États-Unis s’apprêtaien­t à voter pour leur président.

« Les journalist­es sont au coeur de Guerre civile et il s’agit de journalist­es à l’ancienne, c’est-à-dire qu’ils sont neutres, qu’ils ne montrent pas d’allégeance politique. De nombreux médias ne font aucun mystère, aujourd’hui, de leur parti pris politique afin de conserver ou d’élargir leur public.

Mon film fonctionne donc comme le font les journalist­es mis en scène, il ne fait que montrer une situation comme le ferait un reportage. Le public peut ensuite en déduire ce qu’il veut », a fait savoir le cinéaste.

« Cela ne signifie pas du tout que le film n’a rien de politique, au contraire. Le président en est à son troisième mandat, il tue ses propres citoyens… Cela est un commentair­e éminemment politique. »

« Ce film est une conversati­on et je traite les spectateur­s comme des participan­ts de cette discussion. Je les laisse avoir des opinions, déduire des choses. Le film est contre la guerre parce que c’est la seule position qu’on puisse avoir face à la guerre, même si, parfois, la guerre peut être justifiée lorsqu’il faut se défendre. Mais la guerre est inhumaine et très rarement la meilleure solution à un problème », a-t-il ajouté.

Guerre civile déboule dans les salles obscures de la province dès le 12 avril.

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Kristen Dunst dans Guerre civile.
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Wagner Moura

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