Le Journal de Quebec - Weekend
STRATÉGIES POUR DÉJOUER LA DOULEUR
La douleur n’est pas qu’une sensation déplaisante : c’est une émotion envahissante associée à nos défenses immunitaires qui mérite d’être mieux comprise.
En plus d’un signal sensoriel qui nous prévient des dommages à notre corps, la douleur est une émotion primaire.
Comme plusieurs émotions, la douleur mobilise notre métabolisme, nos actions (cris, réflexes) et nos pensées. De plus, comme d’autres émotions, dont la peur, la solitude ou la honte, la douleur déclenche souvent un sentiment de souffrance, une détresse ou douleur psychologique. Elle a aussi en commun avec d’autres émotions d’être contagieuse ; plusieurs sont stressés par la douleur des autres et certains ressentent même une empathie à la douleur localisée dans la même portion du corps que la victime.
La douleur a un accès privilégié aux autres émotions. En déclenchant de la peur, la douleur nous apprend à éviter des situations à risque (ex. : marcher nu-pieds sur du gravier, toucher un fil électrique). En déclenchant de l’irritation (ex. : orteil écrasé par un mouvement maladroit), elle nous apprend parfois la prudence.
Comme la faim qui nous motive à combler nos besoins alimentaires, la douleur vise à nous défendre contre l’infection et les dommages à nos cellules.
La douleur est généralement déclenchée par l’inflammation et fait partie de notre arsenal de défense immunitaire.
Sous notre peau, nos neurones de douleur interagissent avec nos cellules immunitaires. Dans le cerveau aussi, la douleur sert entre autres à gérer nos défenses immunitaires.
Par exemple, les hormones de stress déclenchées par la douleur régulent les réactions inflammatoires.
UN COMPAGNON DE NOTRE MISÈRE
La douleur chronique est une source importante de stress. Elle peut induire des troubles digestifs ou métaboliques.
Elle peut aussi produire des troubles de sommeil, des troubles d’attention et de mémoire, des pensées intrusives ou des idées suicidaires. À la longue, la souffrance sape notre humeur et notre motivation à améliorer notre sort. Elle nous rend anxieux ou déprimés, en particulier quand nous dramatisons ses impacts.
La douleur chronique entraîne aussi des pertes fonctionnelles qui peuvent causer un effet boule de neige. Elle peut nous crisper au point de générer d’autres douleurs (ex. : les compensations de posture causées par les douleurs au dos). De plus, elle nous fait souvent éviter certains mouvements ou certains efforts, ce qui nous rend plus sensibles et moins forts.
En plus, contrairement au stress ponctuel et modéré, le stress chronique augmente souvent l’inflammation et la sensibilité à la douleur, ce qui produit une boucle de rétroaction inflammation douleur- stress-inflammation qui aggrave notre état.
RÉDUCTION DU STRESS
Les stratégies ne manquent pas pour combattre la douleur chronique et la détresse. Or, certaines habitudes comportent plusieurs effets néfastes.
La consommation d’alcool, d’opioïdes ou d’autres substances addictives crée souvent plus de problèmes qu’elle n’en résout. Certaines personnes deviennent plus passives et se réfugient dans la consommation de séries télé ou dans un état de rêverie. D’autres vont même tomber dans un état de conscience dissociatif, un détachement de soi ou de l’environnement, une réaction d’autodéfense qui vise à isoler notre conscience de nos souffrances.
Ces états dissociatifs réduisent temporairement le stress et la douleur, mais généralement, ils bloquent aussi les émotions positives et les élans sociaux.
DES STRATÉGIES
À court terme, la distraction est souvent efficace. La distraction cognitive, comme les jeux et projets de difficulté modérée, ou la distraction physique, comme les massages, le froid ou la chaleur.
Plusieurs activités, dont l’exercice, la danse et le yoga, ont des effets antidouleur ou anti-inflammatoires car elles activent nos systèmes cérébraux d’endorphines et d’endocannabinoïdes.
C’est aussi le cas des activités déclenchant des émotions positives, comme l’humour, les interactions sociales, les actions altruistes, les arts ou l’immersion virtuelle.