Le Journal de Quebec - Weekend

LE MEILLEUR JOUEUR DE DEUXIÈME BUT DE L’HISTOIRE

Napoléon Larry Lajoie va dominer son sport et devenir si populaire que bien avant de s’appeler les « Indians » ou, plus récemment, les « Guardians », l’équipe de Cleveland portera le nom de « Naps », référence directe au prénom de Lajoie.

- LUC LALIBERTÉ Historien et chroniqueu­r Collaborat­ion spéciale

UNE MIGRATION QUI REFLÈTE LE CONTEXTE DE L’ÉPOQUE

Entre 1840 et 1930, près d’un million de Canadiens français vont migrer vers les États-Unis pour tenter d’améliorer leur sort.

Que ce soit en raison de la rareté des terres ou de l’attrait du développem­ent industriel américain plus avancé, ils sont nombreux, comme les parents de Napoléon Lajoie, à prendre la route vers le Midwest ou la Nouvelle-Angleterre.

Napoléon naît donc à Woonsocket (Rhode Island) en 1874. Peu scolarisé et le plus jeune d’une famille de onze enfants, il commencera très tôt à travailler comme balayeur dans une usine de textiles.

UNE ASCENSION FULGURANTE

Dès qu’il enfile un gant de baseball et se met à frapper avec autorité en jouant dans une ligue semi-profession­nelle, on va remarquer le talent de Lajoie. En 1895, les Phillies de Philadelph­ie ont racheté son contrat et Lajoie ne regardera plus jamais en arrière.

C’est pendant ce séjour dans la ville de l’amour fraternel qu’il a maintenu une moyenne au bâton record de .422.

Devenu une vedette qu’on utilise pour la promotion de divers produits, Lajoie va se joindre, en 1905, à l’équipe de Cleveland. Sa popularité est telle que l’équipe change de nom!

Celui qu’on surnommait le « Frenchman », en raison de ses origines, ne renie pas son prénom « Napoléon », mais il a toujours préféré celui de « Larry », qu’on retrouve sur les autographe­s.

UN DUEL D’ANTHOLOGIE

La carrière de ce membre du Temple de la renommée du baseball (1937) fut brillante, comme en témoigne une moyenne en carrière de .339, ses 3251 coups et une domination défensive pendant six années consécutiv­es.

Pendant l’année 1910, une lutte épique pour le titre de meilleur frappeur l’a opposé au célèbre Ty Cobb. La fin fut digne d’un scénario hollywoodi­en.

Se croyant assuré du titre avec deux parties à disputer, Cobb va préférer ne pas jouer pour protéger sa moyenne de .385. Lajoie disputera ces deux parties, y allant d’une performanc­e de huit coups en huit présences lors d’un programme double.

Malgré cette performanc­e spectacula­ire, Ty Cobb jouissait d’une avance de .001! Alléguant en plus que Lajoie avait bénéficié de la corruption (on détestait Cobb) pour transforme­r une erreur en coup sûr, on baissa sa moyenne à .384, Cobb s’emparant du titre.

En 1978, des journalist­es du Sporting News ont découvert une erreur dans la compilatio­n des statistiqu­es pour l’année 1910. Lajoie devient ainsi le meilleur frappeur de cette saison folle, mais 58 ans plus tard !

Fils d’un fermier canadien-français et s’exprimant en anglais tout en ne perdant jamais la maîtrise du français, Lajoie est souvent considéré comme la première vedette du baseball moderne.

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PHOTOBASEB­ALLHISTORY­DAILY
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PHOTO NATIONAL BASEBALL HALL OF FAME AND MUSEUM, LIBRE DE DROITS Napoléon Lajoie
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Carte de Napoléon Lajoie en 1911.
PHOTO NATIONAL BASEBALL HALL OF FAME PHOTO AMERICAN MUSEUM OF AMERICAN HISTORY Autographe de Lajoie (qui préférait signer Larry Lajoie). Carte de Napoléon Lajoie en 1911.
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Plaque commémorat­ive de Lajoie au National Baseball Hall of Fame.
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Publicité pour Red Devil.
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