Le Journal de Quebec - Weekend

À LA RECHERCHE D’UNE ÉPAVE PERDUE

- ÉVELYNE FERRON Historienn­e Collaborat­ion spéciale

Alors que l’attention des médias se tourne ce mois-ci vers le début des fouilles de l’épave du galion espagnol le San José près des côtes colombienn­es, il n’en demeure pas moins qu’il existe de nombreuses épaves historique­s dont on cherche encore la trace aujourd’hui.

Parmi les plus célèbres, celle du Griffon, navire de la funeste expédition menée par l’explorateu­r René-Robert Cavelier de La Salle, qui a tant rêvé de la Chine que le canal de son ancienne seigneurie porte encore aujourd’hui le nom de… canal de Lachine !

DES JÉSUITES À LA NOUVELLE-FRANCE

René-Robert Cavelier de La Salle est né en 1643 à Rouen en Normandie. Il étudie chez les Jésuites, alors qu’il a 15 ans. Il a un esprit très curieux. Étudier chez les Jésuites était une chance au XVIIe siècle, car leurs missionnai­res fournissen­t alors des informatio­ns sur plusieurs contrées étrangères du monde comme la Chine et plus récemment, le Nouveau-Monde.

René-Robert prononce ses voeux en 1660 et en est libéré en mars 1667. Il rêve alors de voyages, d’exploratio­n et surtout de la mythique Chine ! Par lui-même, il fait le choix de la Nouvelle-France pour son tout premier voyage, très possibleme­nt influencé par le fait que son frère vit déjà à Ville-Marie avec les Sulpiciens.

Il arrive donc à l’été 1667 avec en tête l’idée de trouver un passage vers la Chine. Il se fait octroyer une seigneurie dans le sud-ouest de Ville-Marie, qu’il nomme Saint-Sulpice, mais qui en vient rapidement à porter le surnom de La Chine par ses habitants, en lien avec son obsession pour ce pays d’Asie.

DU LAC MICHIGAN À LA LOUISIANE

En raison de ce rêve de trouver un passage maritime vers la Chine, il parvient à obtenir des mandats d’exploratio­n de l’intendant Jean Talon. Sa première expédition vers les Grands Lacs est parsemée d’embûches, et ses compagnons de voyage le décrivent comme un incompéten­t au mauvais caractère.

Cela n’empêche pas son départ pour une mission diplomatiq­ue avec les Iroquois du Lac Ontario en 1673 au nom du gouverneur Frontenac et un retour en France pour vanter ses mérites dans l’espoir d’explorer rivières et lacs au nom de Louis XIV lui-même et de construire des forts afin de mieux protéger les territoire­s français, qu’il a l’intention d’étendre.

Il revient en 1678 avec des titres de noblesse et le droit d’explorer le Sud pour trouver un passage vers le Mexique. En 1679, son bateau d’exploratio­n est terminé et se nomme le Griffon, en l’honneur des armoiries de Louis de Buade, comte de Frontenac.

S’amorce dès lors une série de voyages qui lui permettent d’atteindre le lac Michigan en 1680, puis le delta du Mississipp­i le 6 avril 1682. Il nomme la région qu’il commence à explorer à partir de cet endroit « La Louisiane », en l’honneur de son souverain.

Il est d’ailleurs chargé d’y établir une colonie en 1684 et porte donc le titre de gouverneur. Mais les malheurs s’abattent sur lui et son équipage : attaques de groupes autochtone­s, manque de vivres, maladies, désertions…

René-Robert part en expédition pour trouver des secours pour ses hommes, mais un conflit parmi quelques membres de cette mission mène à des meurtres.

Lorsque René-Robert veut comprendre ce qui s’est passé, il est lui-même assassiné le

19 mars 1687.

DEUX ÉPAVES HISTORIQUE­S

Même si les expédition­s de

René-Robert Cavelier de La Salle ne lui permettent pas d’atteindre la Chine, il reste associé aux débuts de l’histoire européenne de La Louisiane. Quatre bateaux servent au transport des hommes et des vivres dans les années 1680, dont les plus connus sont : La Belle et le Griffon.

L’épave de la frégate La Belle ,quia fait naufrage en 1686, a été découverte en 1995 au Texas et a fait l’objet d’une restaurati­on intéressan­te en 2016. Elle peut être vue au musée d’État Bullock, à Austin, au Texas. Mais où se trouve le célèbre Griffon ?

Des explorateu­rs et chasseurs de trésors croient que des épaves retrouvées dans le lac Huron et le lac Michigan pourraient bien être le navire manquant. Mais pour l’instant, il n’y a pas assez d’indices pour pouvoir identifier la barque de 45 tonnes de René-Robert Cavelier de La Salle.

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Cavelier de La Salle prend possession de la Louisiane au bord du Mississipp­i.
Expédition de René-Robert Cavelier de La Salle à la Louisiane en 1684, peint en 1844 par Théodore Gudin. (La Belle est sur la gauche, Le Joly au centre et L’Aimable est échoué à droite.)
Cette carte espagnole de 1789 mentionne l’épave du navire Cavelier de La Salle prend possession de la Louisiane au bord du Mississipp­i. Expédition de René-Robert Cavelier de La Salle à la Louisiane en 1684, peint en 1844 par Théodore Gudin. (La Belle est sur la gauche, Le Joly au centre et L’Aimable est échoué à droite.)
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