Le Journal de Quebec - Weekend
UNE MAISON VIVANTE, EFFRAYANTE ET AFFAMÉE !
Anne a un gros secret : sa maison est vivante et elle dévore tout ! Si elle ne veut pas s’attirer les foudres de la bâtisse, Anne doit constamment la nourrir. Dans son premier roman jeunesse, Capharnaüm, Pénélope Bourque trace avec sensibilité les contours fragiles de l’innocence de l’enfance. Avec Capharnaüm, vous présentez un tout premier roman jeunesse.
J’ai eu envie de m’adresser à ce lectorat, parce que c’est un âge où j’ai été une grande lectrice et où j’ai eu un grand plaisir à découvrir les mots. J’ai voulu m’adresser peutêtre à l’enfant que j’ai été à 10 ans, mais aussi retrouver ce plaisir des mots par l’écriture.
Une maison vivante et affamée : quelle idée originale et audacieuse ! D’où vous en est venue l’inspiration ?
J’ai visité des maisons où des objets ont été accumulés pendant des générations. C’est comme si j’ai ressenti que ces maisons avaient une vie qui leur était propre… En écrivant, ces images me sont revenues et un décor s’est créé. J’ai eu envie de faire évoluer une enfant là-dedans et de me questionner sur la place qu’occupent les objets dans nos vies. C’est devenu une fable métaphorique. Ça m’a donné le goût d’aborder des sujets peutêtre plus difficiles, sous le couvert de cette fable.
Ainsi, quelles thématiques sont nées d’elles-mêmes ?
On peut y lire la négligence parentale et l’accumulation compulsive d’objets, mais j’ai voulu laisser les lecteurs y lire leur interprétation. Les enfants qui ont envie de découvrir une belle histoire d’amitié, avec une maison un peu épeurante qui mange tout, peuvent lire ça au premier degré. Je désirais m’adresser aussi à des enfants qui vivent des situations familiales plus difficiles ou qui ont des secrets plus lourds à porter et qu’ils puissent découvrir un pendant dans le personnage d’Anne et de son histoire qui résonne pour eux.
Cette danse constante entre le fantastique et le réalisme, au fil de votre récit, était-elle souhaitée ?
C’est un style que j’essaie de développer ! J’ai une attirance pour le fantastique, mais pas le fantastique « pur »… Plus le réalisme magique ou le réalisme merveilleux. Dans la vie de tous les jours, il y a des monstres (rires) ! Les enfants ont tendance à voir un peu les deux « mondes ».