Le Journal de Quebec

La nomination de Card indigne

- JEAN- FRANÇOIS CLOUTIER

La nomination d’un Américain unilingue anglophone, Robert G. Card, à la tête du géant québécois SNC- Lavalin suscite des inquiétude­s chez des défenseurs du français, qui se préoccupen­t de l’anglicisat­ion du milieu de travail qui pourrait s’ensuivre.

En entrevue, le président de la Société SaintJean-Baptiste de Montréal, Mario Beaulieu, a réagi avec indignatio­n à la nomination de M. Card à la tête d’un fleuron ayant pris son envol pendant la Révolution tranquille.

« C’est inacceptab­le. Ça devrait être une condition de parler français pour diriger SNC », a-t-il martelé. M. Beaulieu soutient que l’argument voulant qu’il n’existe pas de bons candidats québécois pour tenir les rênes de l’entreprise ramène les Québécois des décennies en arrière. « Ça fait penser à l’époque où on disait que les Canadiens français faisaient de bons médecins, mais de mauvais hommes d’affaires », a-t-il dit.

M. Beaulieu a salué la volonté de M. Card d’apprendre le français, mais il a dit douter qu’il puisse y parvenir rapidement compte tenu des fonctions importante­s qui lui sont dévolues.

« Ça va sûrement prendre plus d’un an avant que M. Card soit à l’aise en français. Entre-temps, on fait quoi? Il faudra travailler en anglais aux plus hauts échelons? », a-t-il demandé.

Vigilance

Plus circonspec­t, le président de l’Institut sur la gouvernanc­e d’organisati­ons privées et publiques, Michel Nadeau a indiqué que M. Card jouissait d’un CV qui le qualifiait aisément pour les fonctions de PDG.

« La meilleure façon de repartir à neuf pour SNC, c’est d’embaucher quelqu’un de l’extérieur. C’est normal qu’une compagnie multinatio­nale comme SNC doive parfois repêcher ses cadres hors du Québec », a-t-il dit.

M. Nadeau a dit vouloir donner la chance au coureur, mais a indiqué qu’il faudrait surveiller de près la suite des choses, pour s’assurer que M. Card s’établisse bel et bien à Montréal et apprenne le français.

« On a des exemples dans le passé où les promesses faites à l’embauche n’ont pas été tenues. Les Américains aiment bien faire la navette en avion entre leur résidence et leur lieu de travail », a-t-il expliqué.

Selon M. Nadeau, ce n’est pas par hasard si SNC-Lavalin a annoncé la nomination de M. Card un vendredi après-midi à 17 h 48, soit après le départ de la plupart des journalist­es financiers. « Si on avait annoncé la nomination d’un Québécois comme Thierry Vandal, on aurait sûrement fait les choses autrement », a-t-il dit.

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Président SNC-LAVALIN
ROBERT G. CARD Président SNC-LAVALIN

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