Le Journal de Quebec

Repas gratuits pour Caire

Un restaurate­ur de Sainte-Foy paie la note à trois reprises pour le député

- Jean-Luc Lavallée Bureau parlementa­ire jean-luc.lavallee@quebecorme­dia.com

Le député Éric Caire, de la CAQ, a profité de lunchs gratuits à quelques reprises en 2012, pour lui et ses proches, gracieuset­é d’un généreux restaurate­ur de sa circonscri­ption.

ÉRIC CAIRE

Très à l’aise, il confirme avoir mangé trois fois sur le bras du proprio du Tuscanos, à Sainte-Foy entre mai et juillet. Le député de La Peltrie a lui-même révélé la chose dans une déclaratio­n écrite, afin de se conformer au Code d’éthique des membres de l’Assemblée nationale.

Le Code n’interdit pas aux députés d’accepter des dons, des avantages ou d’autres marques d’hospitalit­é. Cependant, des exceptions s’appliquent ( voir encadré). Et depuis le 1er janvier 2012, les députés doivent déclarer les cadeaux d’une valeur de plus de 200 $, ce qu’a fait M. Caire. Il a indiqué qu’un « restaurate­ur de la circonscri­ption assume occasionne­llement l’addition lors de la visite du député » . Questionné par le Journal sur le contexte de ces repas gratuits, le député a dit se souvenir de repas familiaux pour la fête des Mères notamment et l’anniversai­re de son fils.

Restaurate­ur insistant

« Moi, j’aime mieux payer mes affaires, mais lui (le propriétai­re du Tuscanos), il ne voulait rien savoir. Je reçois une facture, elle est à 0 $. Il m’a dit qu’il m’invitait. Je lui ai dit que c’était bien gentil, mais que j’étais capable de payer ma facture. Il m’a dit: “Non, non, non, c’est moi qui t’invite”. Alors, je lui ai laissé un pourboire et je l’ai remercié», a-t-il raconté, se remémorant l’un des repas.

« Dans le contexte, oui, je pense que c’est correct, c’est sympathiqu­e et sans arrière- pensée. À d’autres reprises, je paie ma facture. Et si je vais là avec ma blonde, je paie ma facture», insiste-t-il. «Si j’avais eu envie de “crosser” quelqu’un, j’avais juste à fermer ma gueule et personne ne l’aurait su, on s’entend- tu? Des députés qui se font payer des lunchs, il y en a! Je suis probableme­nt l’un des rares à le déclarer » , a- t- il pesté, ajoutant qu’il n’a enfreint aucune règle. Signe que la ligne est parfois mince, M. Caire a néanmoins senti le besoin de consulter le commissair­e à l’éthique, Jacques- Saint- Laurent. S’il se dit aujourd’hui « très à l’aise » , il lui aurait confié à l’époque que la situation « le gênait » , se souvient M. SaintLaure­nt. Après analyse, ce dernier a jugé que le cadeau était « acceptable » . En entrevue, il précise que le Code est « évolutif » et pourrait être modifié en 2015 dans la foulée du rapport qu’il remettra à Québec. L’heure est encore à l’examen des nouvelles règles.

Pas de faveur

Le restaurate­ur d’origine grecque n’a reçu aucun traitement de faveur en contrepart­ie, assure M. Caire. Demetre Triantafyl­lou, qui a déjà consulté le député sur le projet de loi 68 ( pour permettre aux clients de rapporter chez eux des bouteilles entamées), assure qu’il n’espérait aucun retour d’ascenseur. « Non. C’est un député tellement près de nous, c’est une marque de reconnaiss­ance, un remercieme­nt. » « Les services que j’ai pu lui rendre, ce sont des services que j’ai pu rendre à l’ensemble des restaurate­urs de ma circonscri­ption. » La CAQ, par ailleurs, avait choisi le Tuscanos en toile de fond pour un point de presse lors de la campagne électorale.

 ??  ?? Député
Député
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada