Le Journal de Quebec

Richard, le magicien

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com Collaborat­ion spéciale

Jevous annonce une grande nouvelle: j’ai décidé de me lancer en politique!

Aux prochaines élections – provincial­es ou fédérales, je m’en fous –, je vais soumettre ma candidatur­e à un parti, n’importe lequel.

Mon but? Devenir le futur ministre des Finances.

MA RECETTE MAGIQUE

Je sais ce que vous allez dire: je ne peux pas devenir ministre des Finances, car je n’ai aucune formation en économie.

Si nous étions dans les années 1970, je dirais que vous avez raison.

Mais nous sommes en 2013. Ça fait des lustres qu’on n’a plus besoin de connaissan­ces en économie pour devenir ministre des Finances!

Tout ce que vous avez à faire, c’est fouiller dans les poches des contribuab­les.

Vous voulez un meilleur service de transport en commun? Parfait: on va instaurer une nouvelle taxe. Ka-tching!

Vous voulez qu’on offre des soins à domicile pour les aînés? Parfait: on va hausser les impôts. Ka-tching! C’est aussi facile que ça. Plus besoin d’analyser les budgets de chaque ministère, de passer chaque poste de dépense à la loupe, de voir où l’on peut faire des économies, de jongler avec les chiffres et les pourcentag­es, etc.

Vous dites aux contribuab­les d’ouvrir leur portefeuil­le, et vous vous servez.

C’est à la portée du premier venu.

PRESSER LE CITRON

Lorsque je serai élu, je vais ouvrir des garderies à sept sous, des université­s gratuites, des hôpitaux ultramoder­nes, des autoroutes en pavé uni, des ponts en plutonium, tutti quanti. Vous n’avez rien vu, les amis! Comment vais-je financer tout ça? Hausse d’impôts, nouvelles taxes, hausse d’impôts, nouvelles taxes. Ta-dam! Attachez vos ceintures, super Richard s’en vient! Je vais vous presser jusqu’à la dernière goutte, et vous tondre jusqu’au dernier bout de laine.

Quand j’en aurai fini avec vous, il ne restera plus qu’un petit tas de cendres par terre. Mais vous allez avoir un maudit beau métro, par contre! Un métro que vous n’utiliserez plus, car votre pouvoir d’achat sera inexistant et vous ne voudrez plus aller travailler, car 90 % de votre salaire ira au gouverneme­nt…

TROP D’IMPÔT TUE L’IMPÔT

Je ne sais pas ce que ça va prendre pour que nos élus se rendent compte que l’élastique fiscal est tiré au maximum.

La courbe de Laffer, mesdames et messieurs, ça ne vous dit rien? «Trop d’impôt tue l’impôt.»

Le principe est simple: passé une certaine limite, trop presser le citron des contribuab­les et des entreprise­s conduit à une baisse des recettes de l’État.

Primo, parce que les gens coupent dans leurs dépenses et paient donc moins de taxes.

Secundo, parce que les travailleu­rs sont tellement écoeurés de payer des impôts qu’ils décident de ralentir le rythme et de moins travailler. À quoi ça sert de se forcer si c’est pour enrichir le gouverneme­nt? Si au moins on utilisait cet argent à bon escient. Même pas. On engraisse un système glouton qui ressemble de plus en plus à Jabba the Hutt.

Comme l’écrivait Benjamin Constant: «Le peuple n’est pas misérable seulement parce qu’il paie au-delà de ses moyens, mais il est misérable encore par l’usage que l’on fait de ce qu’il paie…»

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