Le Journal de Quebec

Malheureux automobili­stes

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Un nouveau «document de consultati­on» rendu public cette semaine risque de déboucher un jour sur une politique de «mobilité durable». L’expression a quelque chose de comique, je sais, mais les politicien­s aiment bien les concepts abstraits et les utilisent avec l’heureuse certitude de ne pas être compris. En réalité, ce n’est pas la mobilité des gens ou des véhicules qui sera durable, mais la taxation à laquelle tous seront soumis, de force évidemment.

En préface, le ministre des Transports, Sylvain Gaudreault, précise que «l’usager sera au coeur de cette politique, peu importe ses besoins de mobilité». Le malheur, quand on est généreux à ce point, c’est qu’il faut trouver du fric. Et M. Gaudreault sait très bien ce qu’il faut faire, même s’il ne le dit pas clairement. On assiste au même théâtre chinois avec l’assurance autonomie... Avant d’être ministre, M. Gaudreault appuyait sans retenue l’idée de taxer, et décriait les VUS... Il soutenait même qu’une «hausse du prix de l’essence est utile socialemen­t». Osera-t-il le répéter? «Ce n’est pas l’essence qui coûte cher, mais plutôt de faire rouler un véhicule utilitaire sport», écrivait M. Gaudreault dans un journal du Royaume en 2003.

Électorali­sme

Aujourd’hui à l’Assemblée nationale, membre d’un gouverneme­nt minoritair­e, il n’ose pas redire le fond de sa pensée. On le comprend d’être prudent... Ce n’est pas très avisé de soutenir pareilles idées quand on a les yeux sur le calendrier électoral... Mais ses esquives et ses contradict­ions n’augurent rien de bon pour les millions d’automobili­stes québécois. Lundi, le ministre des Transports disait ceci: «Inévitable­ment, nous devrons aborder la question de la taxe supplément­aire sur l’essence.» C’est clair, n’est-ce pas? Mardi, il disait ne pas vouloir «négocier sur la place publique» un nouveau pacte fiscal avec les municipali­tés. On entendait déjà le beep-beepbeep caractéris­tique du camion qui recule... Mercredi et jeudi, il niait envisager une hausse de taxe sur l’essence. Il disait que ce n’est pas lui qui le veut, mais les villes... On aurait dit une imitation de Marie Malavoy, la suave ministre de l’Éducation, qui invitait récemment les commission­s scolaires à user de leur pouvoir de taxation. Selon le document rendu public par M. Gaudreault lundi, les automobili­stes doivent se soumettre au principe du «bénéficiai­re-payeur». C’est qu’ils profiterai­ent, eux aussi, des transports en commun... En vérité, taxer est toujours plus facile que de réduire les dépenses. Et les contribuab­les n’ont pas le temps de manifester...

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Ministre
SYLVAIN GAUDREAULT Ministre

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