J’ai gagné une croisière!
Quelle chance inouïe! Mon téléphone portable sonne jeudi soir dernier. Un numéro de Montréal que je ne connais pas. Un nouvel ami en vue… je suis déjà enthousiaste à l’idée de répondre. Ce qui m’attend est 1000 fois plus heureux. Une voix préenregistrée m’annonce que je suis l’heureux gagnant d’une croisière pour deux aux Bahamas!
Youpi! Mon jour de chance.
Toutefois, je suis trop paresseux et impatient devant les appels du genre. Je n’ai pas attendu de savoir dans quel engrenage et dans quelle arnaque je devais engager mon bras pour obtenir mon prix. J’ai plutôt raccroché en maugréant. Car je suis déjà pas mal tanné des appels à la maison à l’heure du souper pour me vendre des services bancaires, de nouvelles fenêtres et une thermopompe; je m’insurge en pensant que la même machination s’est mise en marche sur nos appareils mobiles.
ON AVAIT LA PAIX
Suis-je le seul à me demander ce qui s’est passé depuis deux mois, depuis mars dernier? On avait au moins la paix avec nos cellulaires! Des pourriels publicitaires à la pelletée, du harcèlement à la maison, mais la sainte paix sur nos portables. Mais cette époque semble révolue. Mes premières expériences furent avec un numéro entrant qui indiquait un indicatif régional de la région de Washington. Puis, au fil des semaines, quelques appels de type télémarketing issus de numéros entrants d’ici. Si vous essayez de rappeler ce numéro pour avoir davantage d’information sur la magnifique croisière dont vous êtes l’heureux gagnant, vous tombez sur un message vous disant qu’il n’y a pas de service à ce numéro.
J’en parle ici pour partager cette expérience. Pour que d’autres se sentent moins seuls et poignent le mors aux dents avec moi. J’en parle pour que peut-être quelqu’un m’explique ce qui s’est passé depuis deux mois. Changement de réglementation? Nouveaux requins qui tournent autour? Moi qui ai inscrit mon numéro à un mauvais endroit? Je veux savoir!
RÉACTIONS S.V.P.
J’en parle aussi avec l’espoir que ça ralentisse la propagation de l’épidémie. Qu’un organisme de surveillance se penche là-dessus, qu’une association de consommateurs se choque, que des avocats spécialisés en recours collectifs passent à l’attaque, n’importe quoi qui montre une réaction! Je l’écris aussi peut-être dans l’espoir que les généreux distributeurs de croisières lisent cette page et se sentent surveillés, qu’ils ralentissent leurs ardeurs.
Je pense aux gens qui ont un forfait de cellulaire dans lequel ils paient tant par appel. Tu dois être de bonne humeur en s’il vous plaît quand tu reçois un pareil appel de bouffons et qu’en plus d’être dérangé, ça te coûte quelque chose. Il semble qu’on puisse réduire le volume des appels en s’inscrivant à la Liste nationale de numéros de télécommunication exclus, gérée par le CRTC.
Vous me direz: est-ce un si gros problème que cela lorsqu’on regarde tout ce qui va mal? Non, mais, voilà, c’était quelque chose qui allait bien: la paix sur nos cellulaires! Avec tout ce qui va mal, on s’accroche à ce qui était correct.
En passant, le numéro était le 514 382-9318, un numéro où on me dit qu’il n’y a pas de service quand je rappelle. C’est déjà un progrès si on se prévient les uns les autres.