Vices cachés de l’assurance autonomie
Le projet du gouvernement Marois d’un Régime d’assurance autonomie pour les personnes âgées comporte deux vices cachés: l’ajout d’une nouvelle taxe et le fort risque d’abandon à leur sort des aînés maintenus à domicile, sans les services promis.
C’est le cas pour les malades mentaux depuis leur désinstitutionnalisation massive.
Il y a consensus sur la volonté des personnes âgées de demeurer à domicile le plus longtemps possible, même si leur autonomie va en réduisant. La commission d’enquête mise sur pied par l’ex-ministre Marguerite Blais l’avait constaté.
De plus, il en coûte 90 000 $ par année pour l’hébergement d’une personne en CHSLD contre 30 000 $ en soins à domicile adéquats. Le gouvernement Marois vise une économie pour l’État de 1,5 milliard d’ici 2028.
En 2012, 34 % seulement des personnes de 65 ans et plus habitaient toujours à leur domicile contre 66 % en centre d’hébergement ou en CHSLD. Le gouvernement Charest avait annoncé un train de mesures avec pour objectif de faire grimper ce ratio à 50 % en 2017.
Son plan d’action prévoyait des investissements de 2,7 milliards dans les soins de santé à domicile, l’habitation adaptée, le transport, l’aide ménagère, etc. il visait juste mais il contenait également un vice caché: le gouvernement n’injectait que des grenailles dans les premières années, 40 millions $ initialement, ce qui ne pouvait pas avoir un effet significatif. Le programme fut qualifié de purement électoraliste.
EXERCICE COMPTABLE
Maintenant aux commandes, l’ex-commissaire Réjean Hébert n’est pas mu d’abord par le mieux-être des aînés. Il ne pourra jamais le garantir et s’il le fait, ne le croyez pas. Il enclenche un gros exercice comptable.
C’est d’ailleurs le même ministre qui invoque des arguments qui ne tiennent pas la route pour justifier que les joueurs compulsifs puissent consommer de l’alcool dans les aires de jeu des casinos, dont les revenus sont en baisse. Les gouvernements n’ont ni morale ni principes.
LES OUBLIÉS
Dans le passé, deux psychiatres, les docteurs Camil Laurin et Denis Lazure, ont plaidé pour la désinstitutionnalisation des personnes gardées dans des instituts psychiatriques, au nom de l’évolution de la médecine et de la pharmacologie. Les hôpitaux Hyppolite-Lafontaine à Montréal et Robert-Giffard à Québec qui accueillaient 6000 et 5000 patients ont libéré 90 % de ceux-ci. On promettait une batterie de services de soutien.
Une multitude de ces personnes, parmi les plus vulnérables de la société, se sont retrouvées dans des maisons de chambres minables, pauvres, sans encadrement adéquat, sans soutien médical, victimes de violence physique et psychologique. Les directions des services de police de tout le Québec vous décriront la tristesse du problème qu’ils ont maintenant saur les bras.
Ces abandonnés par le système n’ont pas de voix pour crier leur détresse ni de rapport de force. Elles souffrent dans la solitude, le silence, l’itinérance et… l’indifférence collective.
Un gouvernement qui rogne dans les fameux droits acquis et privilèges des médecins ou des syndiqués du réseau de la santé déclenche une guerre ouverte. Les services en santé mentale ou aux aînés passent par contre sous le radar.
La seule appellation du projet, Régime d’assurance autonomie, sous-entend l’addition d’une autre taxe, après la taxe santé ajoutée par le gouvernement Charest, sans assurance par contre que l’argent ainsi non puisé dans le fonds général sera dépensé plus judicieusement.