Vulnérable à une offre hostile
L’épicier souhaite une modification des lois
La direction de Metro milite en faveur du renforcement du rôle des conseils d'administration, car l’entreprise est vulnérable à une acquisition.
Le patron de l'épicier, Éric Laflèche, pense que les lois doivent être modifiées pour permettre aux administrateurs de refuser des offres d'achat non désirées sans être forcés de les soumettre aux actionnaires.
Le dirigeant a ainsi accordé son appui au projet défendu par le ministre des Finances, Nicolas Marceau, qui souhaite que le gouvernement légifère sur la question. Metro est vulnérable à une prise de contrôle hostile, car son actionnariat dispersé ne compte aucun actionnaire de contrôle.
« Avec les lois actuelles [ sur les valeurs mobilières], les conseils d'administration n'ont pas le pouvoir de prendre la meilleure décision dans l'intérêt de toutes les parties prenantes, les actionnaires, mais aussi les employés et les fournisseurs», a exprimé Éric Laflèche.
L'homme d'affaires a tenu ces propos lors d'une allocution prononcée hier matin dans le cadre d'un colloque organisé par l’Institut sur la gouvernance des organisations privées et publiques (IGOPP) sur le contrôle des entreprises québécoises.
Pas à l’abri
À court terme, le dirigeant ne craint pas une offre d’achat hostile, mais il estime que la chaîne d'alimentation n'est pas à l'abri d'une prise de contrôle non sollicitée.
Le premier actionnaire de Metro, avec près de 19 % des actions, est Fidelity Investments. Le fonds américain devance Jarislowsky Fraser, qui possède près de 12 %. Tous les autres actionnaires détiennent moins de 2 % de l'entreprise.
Pour des entreprises fortes
Ces propos font écho à la position de Michael Sabia, le patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec, également venu prononcer une allocution.
Le financier se range dans le camp de ceux qui veulent des entreprises fortes. Ce partisan de l’investissement à long ter me déplore d’ailleurs que le « courtermisme » de plusieurs investisseurs [la durée de détention moyenne d’une action est passée de sept ans à 6 mois en environ un demi-siècle] favorise les prises de contrôle parce que plusieurs actionnaires sont là pour faire un profit rapidement.
«Une période de détention minimale devrait être imposée aux actionnaires pour qu’ils obtiennent le droit d’exercer un droit de vote», a exprimé M. Sabia.
«Michael Sabia a bien résumé la situation, a réagi Pierre Karl Péladeau, président du conseil de Québecor Média. Il a mis en valeur le fait que la meilleure des défenses, c’est la performance. Alors je partage le même enseignement. Il faudra être attentif à tout ça.»
«Et puis, a ajouté M. Péladeau, je tiens à souligner le discours d’Yvon Bolduc du Fonds de la FTQ. À cet égard, je remarque ce discours, ce message qui est de plus en plus porteur d’une collaboration entre les organisations syndicales et les entreprises. Si nous nous mettons ensemble, nous aurons des niveaux de productivité qui feront en sorte que nous aurons une présence forte et nous allons garder nos sièges sociaux.»