Le Journal de Quebec

Du plomb dans les échanges internatio­naux

- DAVID DESCÔTEAUX

On n’en parle pas beaucoup, mais sur le plan des échanges internatio­naux, le Québec vit un gros changement depuis plus d’une décennie. Le poids du déficit extérieur s’alourdit. Ce qui nuit à la croissance du PIB réel, selon l’économiste Hélène Bégin dans une étude de Desjardins.

«En tenant compte de la taille de l’économie, le déficit commercial s’avère deux fois plus important que dans les années 1980», liton dans l’étude, publiée il y a quelques jours. Pendant que les exportatio­ns déclinaien­t de 2007 à 2012, passant de 95 G$ à 90 G$, les importatio­ns ont beaucoup augmenté.

À l’inverse, le solde des échanges avec les autres provinces canadienne­s demeure sensibleme­nt le même. Les exportatio­ns vers les autres provinces sont passées de 60 milliards $ à près de 75 milliards $ depuis cinq ans. Fait à noter, plus de la moitié de nos exportatio­ns et importatio­ns interprovi­nciales se font avec l’Ontario.

PLUSIEURS FACTEURS

Comment expliquer l’alourdisse­ment du déficit extérieur? Plusieurs facteurs sont en cause, selon Desjardins.

- La Chine s’est hissée au premier rang des fournisseu­rs de produits de consommati­on aux États-Unis, coupant l’herbe sous le pied de plusieurs entreprise­s québécoise­s. L’excédent commercial avec nos voisins du Sud a d’ailleurs rapetissé de moitié depuis 2002. «Le Québec exporte maintenant moins de 70 % de ses produits aux États-Unis comparativ­ement à plus de 85 % il y a dix ans.»

- Les industries exportatri­ces telles que le textile, le bois ou les pâtes et papiers, entre autres, sont en déclin. L’effondreme­nt de l’immobilier américain n’a certes pas aidé leur cause, tout comme l’appréciati­on rapide du dollar canadien. Mais même en cas de reprise économique mondiale, écrit Desjardins, ce sera difficile pour ces industries de remonter la pente.

- L’éclatement de la bulle technologi­que aux États-Unis, et la descente aux enfers de Nortel, ont fait mal. «À la fin des années 1990, l’industrie du matériel de télécommun­ications était florissant­e au Québec. La valeur des livraisons à l’étranger atteignait 12 G$, ce qui en faisait notre principal produit d’exportatio­n. La faillite du principal pilier de l’époque, Nortel, a rapidement fait dégringole­r la production de ce secteur d’activité.»

DU POSITIF QUAND MÊME

Le Québec devra traîner ce boulet encore plusieurs années, ce qui limitera le potentiel de croissance économique, souligne l’étude. Toutefois, il n’y a pas que des nuages dans le ciel. D’autres industries prennent la place de celles en déclin, notamment l’aéronautiq­ue, les composante­s électroniq­ues et les produits pharmaceut­iques, qui trônent aujourd’hui dans le top 10 des exportatio­ns québécoise­s.

L’économiste de Desjardins suggère entre autres que le Québec se lance à la conquête des marchés émergents. Leur potentiel de croissance étant plus élevé que celui des pays industrial­isés, dont la «reprise» tarde à convaincre, ou apparaît lointaine dans le cas de l’Europe.

Aussi, il ne faudrait pas négliger le potentiel de création de richesse qui existe à l’intérieur même du pays, où de nombreux irritants et obstacles au commerce demeurent entre les provinces. Qu’on pense seulement à la gestion de l’offre dans le domaine agricole, ou les monopoles dans le commerce de l’alcool. Ou encore le marché d’exportatio­n potentiel que représente l’Ontario pour Hydro-Québec, pour l’instant ignoré.

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