Le Journal de Quebec

La LCF ne joue pas son rôle

- MARC.DEFOY@QUEBECORME­DIA.COM

Qu’attend la LCF pour favoriser le développem­ent des quarts canadiens ?

Plutôt que de se faire humilier une troisième fois, Kyle Quinlan a jugé mieux de raccrocher ses souliers à crampons et d’entreprend­re une carrière d’entraîneur adjoint avec les Marauders de l’Université McMaster.

L’ancien quart de l’équipe de football de cette institutio­n ontarienne ne l’a pas dit de cette façon. Il a expliqué sa décision en disant que, plus le début du camp d’entraîneme­nt des Alouettes approchait, moins il avait le goût de tenter sa chance au niveau profession­nel. La raison est simple. La Ligue canadienne de football ne donne pas la chance aux quarts natifs du pays d’évoluer dans ses rangs.

Pourtant, Quinlan était considéré comme le quart canadien montrant le meilleur potentiel depuis longtemps.

Or, le jeune homme a gardé un mauvais souvenir de ses premières expérience­s au camp des TigerCats de Hamilton et des Alouettes.

Les équipes de la LCF font un battage publicitai­re pour dire qu’elles ouvrent les portes de leur camp des recrues à des quarts canadiens. Mais l’histoire se termine toujours de la même façon.

On me dit que, ces derniers jours encore, les quarts canadiens qui prennent part au camp des recrues des Alouettes ne lancent aucun ballon.

Ils font de la théorie, se réchauffen­t sur les lignes de côté et ça s’arrête là.

EXCUSES DÉPASSÉES

Les préjugés des entraîneur­s de la LCF, dont plusieurs sont Américains, à l’endroit des quarts canadiens ne tiennent plus la route.

Les programmes de football sont plus relevés que jamais dans les grandes université­s du pays.

Avant le dernier repêchage des joueurs canadiens, les huit organisati­ons de la LCF avaient repêché 188 joueurs canadiens dans les université­s canadienne­s et 58 joueurs originaire­s du pays qui jouaient dans des maisons d’enseigneme­nt américaine­s.

MACIOCIA SONNE L’ALARME

Lors de sa présence au réseau TSN à l’occasion du dernier repêchage, Danny Maciocia a profité de la tribune qui lui était offerte pour lancer un message au commissair­e Mark Cohon et aux présidents d’équipes de la LCF.

L’entraîneur en chef des Carabins de l’Université de Montréal a demandé que le règlement portant sur la répartitio­n des joueurs canadiens soit changé.

« Le poste de quart est le seul où on ne peut faire appel à un Canadien dans un troisième rôle » , me rappelait- il hier, alors qu’il se rendait avec sa famille à Toronto, où il prendra part au camp des Argonauts à titre d’entraîneur invité.

« Ce n’est pas la première fois que je milite en faveur d’une modificati­on du règlement. Je l’ai fait quand je cumulais les postes de directeur général et d’entraîneur en chef des Eskimos d’Edmonton. »

BERTRAND L’A VÉCU

À cette époque, les Eskimos avaient repêché Mathieu Bertrand, qui a connu une belle carrière au poste de quart du Rouge et Or de l’Université Laval.

Comme Quinlan et tous les autres, Bertrand avait vécu une expérience malheureus­e au camp des Alouettes dans le rôle de quart. Il avait levé les feutres après trois jours.

Quand Maciocia l’a embauché à Edmonton, il est allé le rencontrer à Québec pour l’aviser qu’il l’utiliserai­t au poste de centre-arrière.

«En raison du règlement, je n’avais aucun avantage à l’utiliser comme quart, d’expliquer Maciocia.

«Les formations régulières comptaient 36 joueurs, dont deux quarts. Aujourd’hui, les formations régulières regroupent 42 joueurs, et la plupart des équipes, pour ne pas dire toutes, y incluent trois quarts.»

Les joueurs recrues faisant partie des formations régulières touchent un salaire minimum annuel de 42 000 $ et s’entraînent toute la semaine avant un match.

Les joueurs de l’équipe de réserve gagnent entre 500 $ et 600 $ par semaine, et prennent part aux entraîneme­nts durant le peu de temps qui leur est consacré.

«Je sais que la question des quarts canadiens préoccupe les hautes instances de la Ligue canadienne, dit Maciocia. Cependant, ils ne sont pas capables de s’imposer face aux présidents d’équipes. Il faut que ça change. La ligue accuse déjà un retard de 5 ou 10 ans dans ce dossier.»

QUE COHON SE LÈVE

La LCF a toujours été archaïque. Si ses dirigeants avaient de la vision, ils aideraient les quarts canadiens à se développer.

S’ils avaient de la mémoire, ils se rappellera­ient que Russ Jackson, qui avait fait aussi ses classes à McMaster, était le joueur le plus populaire du circuit durant sa glorieuse carrière.

En ne fournissan­t pas aux quarts canadiens les outils nécessaire­s à leur développem­ent, ils manquent à leur mandat d’encourager le talent d’ici.

Mark Cohon devrait en faire un cheval de bataille.

Le problème est profond et sa ligue en est la grande responsabl­e.

«Quand les quarts atteignent les rangs collégiaux ou universita­ires, ils se convertiss­ent en demis offensifs ou défensifs parce qu’ils savent qu’ils n’auront jamais la chance de jouer à leur position naturelle s’ils atteignent les rangs profession­nels», souligne Maciocia.

«La même mentalité existait pour les porteurs de ballon, mais certains percent les formations régulières maintenant.

«Ç’a commencé avec Éric Lapointe et il y en a quelques-uns aujourd’hui.»

Un poste de troisième quart n’est pas ce qu’il y a de mieux, évidemment.

«Mais c’est un départ, fait valoir Maciocia. Il faut bien que ça commence quelque part.»

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d’avoir eu la chance de lancer un ballon dans la Ligue canadienne.
PHOTO D’ARCHIVES √ Quart vedette avec les Marauders de l’Université McMaster, Kyle Quinlan a choisi de mettre un terme à sa carrière avant même d’avoir eu la chance de lancer un ballon dans la Ligue canadienne.
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