Le Journal de Quebec

Un trafiquant obèse veut une réduction de peine

Même s’il reconnaît que «la prison, c’est pas le Hilton», un trafiquant de drogue obèse souhaite que sa détention préventive soit calculée en «temps et demi», compte tenu de tous les problèmes qu’il éprouve.

- Michaël Nguyen lMNguyenJD­M lMNguyenJD­M michael.nguyen@quebecorme­dia.com 1.800.521.4545 8010

Pendant plus de deux ans, Denis Beaudry dit avoir vécu l’enfer en prison, car ses 6 pieds et un et ses 400 livres – il jure en avoir perdu 45 depuis son incarcérat­ion – lui causent bien des soucis.

Sa liste de doléances est longue. Matelas minuscule, tabourets deux fois trop petits, transport non adapté… Les douches sont tellement étroites qu’il dit devoir «se frotter dans la crasse des autres».

«Je sais que je ne suis pas au Hilton, mais un peu de compassion… un peu de courtoisie pour donner un coup de main aiderait», a-t-il expliqué hier, après avoir plaidé coupable de complot et de trafic de cocaïne.

Beaudry, 42 ans, avait été arrêté en septembre 2011 à la suite d’une vaste opération policière visant à démanteler une organisati­on criminelle qui transporta­it de la coke entre le Québec et l’Amérique latine.

L’accusé faisait partie du réseau de distribute­urs, et écoulait de 100 à 200 grammes de poudre par semaine.

OBÉSITÉ CONTRAIGNA­NTE

Tant la Couronne que la défense s’accordent pour une peine de 50 mois de prison, mais c’est le calcul de la détention préventive qui pose problème.

Car pour Me Stéphan Beaudin, les conditions de détention de son client méritent d’être comptabili­sées en «temps et demi». Cela signifiera­it que Beaudry n’aurait plus qu’une peine de six mois environ à purger.

Pendant une bonne partie de la journée d’hier, Beaudry a témoigné sur ses conditions de détention aux prisons de Bordeaux et de Rivière-desPrairie­s. S’il concède que la direction l’a accommodé à quelques reprises, notamment en lui fournissan­t un deuxième matelas, sa vie de prévenu n’est pas rose, a-t-il dit.

«Les installati­ons ne sont pas faites pour mon gabarit, je suis tout le temps arrondi, s’est-il plaint hier. Ça n’a pas d’allure qu’il n’y ait rien (d’adapté), il n’y a pas que les maigres qui font de la prison.»

Depuis qu’il est détenu, Beaudry souffre de douleurs chroniques et doit prendre de nombreux médicament­s. Deux directeurs de services des prisons ont d’ailleurs confirmé hier que le détenu avait écrit plusieurs notes faisant état de ses douleurs.

DOLÉANCES

Or, si Beaudry s’était plaint d’être trop corpulent pour entrer convenable­ment dans les fourgons cellulaire­s, il n’a jamais écrit de notes à la direction pour demander un transport adapté.

Et si les douches sont si étroites, il aurait pu demander à utiliser celles des infirmerie­s, ce qu’il semble n’avoir jamais fait.

Faute de temps, les parties n’ont pas pu plaider hier devant le juge Christian M. Tremblay. Beaudry reviendra à la Cour en mars, mais la décision du juge sera rendue à une date ultérieure.

En 2012, une juge avait accordé de la détention préventive en «temps et demi» à deux accusés, compte tenu de l’insalubrit­é et des conditions lamentable­s à Bordeaux. Cette décision avait été maintenue en appel.

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PHOTO D’ARCHIVES
L’accusé faisait partie d’un réseau de distribute­urs et écoulait de 100 à 200 grammes de cocaïne par semaine. PHOTO D’ARCHIVES
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