Le chaînon manquant
Pour avoir un jeu de cartes complet avant de se lancer en élection, il manquait un gros atout à Pauline Marois: l’économie.
Visiblement, les stratèges du Parti Québécois ont un plan clair et ne se lancent pas à l’aveuglette dans l’imminente aventure électorale. Ce jeudi, la politique de développement pétrolier est venue combler le chaînon manquant d’un programme électoral qui puisse tenir la route.
Le développement pétrolier fait rêver, pour les emplois à créer, mais surtout pour les énormes retombées potentielles au chapitre des finances publiques. Il est synonyme de miracles économiques à travers le monde. Pas besoin de chercher loin, Terre-Neuve jadis popularisée au Québec comme terre misérable abritant les «newfies» est aujourd’hui une province considérée comme riche.
ILS ONT LAISSÉ LE CHAMP DE FORAGE LIBRE POUR PAULINE MAROIS
PLEINS GAZ
L’annonce de cette semaine ne constitue pas une si grande révolution dans un développement pétrolier déjà amorcé. Mais c’est le premier geste symbolique fort par lequel le gouvernement passe du statut d’observateur qui fait les réglementations au statut de participant à part entière dans l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures.
Ce n’est pas un virage pour la première ministre. Elle y croit depuis longtemps. Je relisais une entrevue qu’elle avait donnée il y a quelques années et elle y inscrivait déjà sa volonté de viser une plus grande indépendance énergétique en produisant notre propre pétrole. Par contre, on ne pourrait pas dire qu’elle en ait fait une véritable priorité de type obsessif comme Jean Charest avec son plan Nord.
Durant l’épisode des gaz de schiste, elle était plutôt tiède dans le dossier des hydrocarbures en général et elle laissait certains de ses députés aller se pavaner dans les manifestations radicalement anti-développement. On avait d’ailleurs l’impression qu’elle gardait un oeil sur le vote des «opposants-àtous-les-projets», qu’elle voulait éviter de tout laisser à Québec Solidaire.
MAROIS PREND L’INITIATIVE
Voici donc que madame Marois et son gouvernement semblent résolument mettre le cap sur le développement du secteur pétrolier. Politiquement, madame Marois peut parfaitement s’approprier ce dossier puisqu’aucun de ses adversaires n’a enfilé l’uniforme de champion du développement pétrolier. La CAQ a déjà fait des suggestions qui vont dans le sens d’une prise de participation dans les entreprises pétrolières comme l’a fait le gouvernement, mais ni la CAQ ni les Libéraux n’en ont fait un combat de tous les instants. Ce faisant, ils ont laissé le champ de forage libre pour Pauline Marois qui va maintenant se présenter en championne du klondike pétrolier dès qu’on va lui poser des questions sur l’économie.
Ce développement doit se faire. Tous les partis doivent y adhérer. Tout en nous promettant rigueur et vigilance en matière de sécurité et d’environnement, tous les partis doivent s’engager à tenir tête fermement aux opposants qui vont orchestrer des campagnes pour nous dire qu’on détruit tout et qu’il y a des licornes magiques à protéger à Anticosti.
Je reçois cette annonce comme une excellente nouvelle, je l’aurais encore plus aimée si elle n’était pas apparue comme une initiative éclair… de veille d’élection.