Le Journal de Quebec

Un médecin pour vous... moyennant des frais

- Claudie Côté

Depuis près de deux ans, le site internet Bonjoursan­té.ca vous fait une offre alléchante.

Il vous déniche une place dans une clinique de consultati­on sans rendez-vous près de chez vous, la journée même. Vous devrez toutefois débourser un peu plus de 17 $ pour avoir accès à ce service de recherche. J. E. a enquêté sur la légalité de ces frais.

Le système Bonjour-santé fonctionne sur deux volets, un téléphoniq­ue et un web. Il est implanté dans plus d’une centaine de cliniques du Québec. Le système téléphoniq­ue est entièremen­t gratuit. Il gère, comme un agenda, les places libres pour voir un médecin sans rendez- vous. Mais si vous ne pouvez obtenir un rendez- vous gratuiteme­nt, vous pouvez opter pour le service de recherche web, celuici étant payant.

AdministrA­tion

La compagnie nous assure que les montants facturés sont destinés uniquement à payer les frais administra­tifs et qu’aucune place n’est réservée pour les clients qui utilisent le système payant.

«Nous, ce qu’on fait, c’est qu’on comble les trous. On gère les annulation­s. [...] Toutes les cliniques ne sont pas pleines tout le temps», a expliqué Benoît Brunel, président et fondateur de Bonjoursan­té.ca. «Quand on implante Bonjour-santé dans une clinique, l’agenda de la clinique sans rendez-vous est géré sur notre plateforme. Sur l’agenda Bonjour-santé.»

Nous avons voulu comparer les différente­s options offertes, soit par téléphone, en personne et par internet, à divers moments et avec des codes postaux différents.

Nous avons à trois reprises pu obtenir un rendez-vous par téléphone et par internet.

Mais, dans cinq cas, soit il n’y avait pas de place en téléphonan­t à la clinique, soit on nous renvoyait au site internet [...] ce qui nous exposait à des frais.

«deux clAsses de pAtients»

Les frais demandés par la compagnie sont- ils légaux dans notre système de santé public? Les organismes de défense du régime public de santé avouent y voir un certain problème.

«Le problème, c’est que ça crée une barrière. La personne qui n’a pas de carte de crédit, qui n’a pas ces 17 $ là ou qui n’est pas branchée à internet ne peut pas utiliser le système pour avoir un rendezvous. Ça, c’est un problème parce qu’on crée tout de suite deux classes de patients. Et, c’est un problème de bloquer l’accès en partie», affirme le Dr Alain Vadeboncoe­ur, de Médecins québécois pour un régime public.

«Tranquille­ment, on gruge, on désassure des éléments un peu partout. On individual­ise les coûts. On privatise. On établit la politique de l’utilisateu­r-payeur», ajoute Jacques Benoit, coordonnat­eur de la Coalition Solidarité Santé.

De son côté, le président de Bonjour- santé est catégoriqu­e, son système est légal et utile, et ne favorise pas un type de patient.

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