Trop humain
Le film RoboCop obtient tout juste la note de passage
TORONTO | Ce qui nuit au
RoboCop remanié et renouvelé du réalisateur brésilien Jose Padilha, ce n’est pas la ville de Detroit, gangrenée par le crime organisé ni les bonzes de la multinationale OmniCorp, spécialisée dans la confection de drones, mais l’homme qu’il a été autrefois.
Le plus grand reproche qu’on peut adresser à Padilha ( Troupe d'élite), c’est d’avoir pris ses distances avec l’oeuvre de science-fiction originale réalisée en 1987 par Paul Verhoeven.
L’histoire de départ est à peu près la même: le policier Alex Murphy (Joel Kinnaman) meurt mutilé dans l’explosion d’une voiture piégée.
Raymond Sellars (Michael Keaton), PDG de la multinationale OmniCorp et mal intentionné, convainc la veuve (Abbie Cornish) de reconstruire Murphy en cyborg, en lui confectionnant un corps entièrement robotisé.
Tout ce qui reste de l’homme original, c’est la tête, la main droite et un autre organe interne.
Alors qu’OmniCorp présente RoboCop comme un outil supplémentaire pour faire respecter la loi, son intention est tout autre.
La compagnie veut contourner la loi qui interdit de confier à des drones la surveillance policière en sol américain. Or, la logique qui a mené de la confection de RoboCop à la production à la chaîne de cyborgs n’est jamais dans le film. Comment le succès connu avec RoboCop conduit-il OmniCorp à éliminer des milliers de policiers afin de récupérer leur cerveau pour leur armée de cyborgs?
POT AUX ROSES
C’est quand les émotions de Murphy prennent le dessus que tout chavire dans le film. Épaulé par une sorte de Frankenstein bien vaillant (Gary Oldman), Murphy découvre le pot aux roses et le dessein véritable de ses créateurs d’OmniCorp.
Il y a néanmoins de bons éléments dans ce RoboCop. À commencer par la distribution (Michael Keaton, Jackie Earle Haley et Samuel L. Jackson), qui est solide. L’action et les effets spéciaux sont raffinés. L’armure de Joel Kinnaman est presque aussi belle que celle de Robert Downey Jr dans Et, d’une manière, quoique peu subtile, le film aborde des questions délicates concernant l’utilisation de drones par l’armée américaine et ce qui distingue l’homme de la machine.
TOUCHES D’HUMOUR
Iron Man.
Mais le cyborg est complètement différent du policier sanguinaire et fou de Verhoeven. Le jeu des acteurs est péniblement conventionnel. Les seules touches d’humour viennent de quelques répliques de Samuel L. Jackson et d’un clin d’oeil étrange au film de 1987.
La ville de Detroit en 2028 n’a pas de sens. Elle est bien mieux que celle d’aujourd’hui, et ce, probablement due au fait que le film ait été tourné à Toronto et à Vancouver.
Les nouvelles versions ne devraient pas reproduire les oeuvres originales à la lettre, mais du moins contenir les éléments intrinsèques.
Le premier RoboCop est mémorable en raison de sa violence, de sa satire et du portrait d’un monde corrompu, qui pourrit de l’intérieur. Tout ce qu’on ne retrouve pas ici. Le RoboCop de Padilha a la note de passage, sans plus.