Le Journal de Quebec

Trop humain

Le film RoboCop obtient tout juste la note de passage

- STEVE TILLEY

TORONTO | Ce qui nuit au

RoboCop remanié et renouvelé du réalisateu­r brésilien Jose Padilha, ce n’est pas la ville de Detroit, gangrenée par le crime organisé ni les bonzes de la multinatio­nale OmniCorp, spécialisé­e dans la confection de drones, mais l’homme qu’il a été autrefois.

Le plus grand reproche qu’on peut adresser à Padilha ( Troupe d'élite), c’est d’avoir pris ses distances avec l’oeuvre de science-fiction originale réalisée en 1987 par Paul Verhoeven.

L’histoire de départ est à peu près la même: le policier Alex Murphy (Joel Kinnaman) meurt mutilé dans l’explosion d’une voiture piégée.

Raymond Sellars (Michael Keaton), PDG de la multinatio­nale OmniCorp et mal intentionn­é, convainc la veuve (Abbie Cornish) de reconstrui­re Murphy en cyborg, en lui confection­nant un corps entièremen­t robotisé.

Tout ce qui reste de l’homme original, c’est la tête, la main droite et un autre organe interne.

Alors qu’OmniCorp présente RoboCop comme un outil supplément­aire pour faire respecter la loi, son intention est tout autre.

La compagnie veut contourner la loi qui interdit de confier à des drones la surveillan­ce policière en sol américain. Or, la logique qui a mené de la confection de RoboCop à la production à la chaîne de cyborgs n’est jamais dans le film. Comment le succès connu avec RoboCop conduit-il OmniCorp à éliminer des milliers de policiers afin de récupérer leur cerveau pour leur armée de cyborgs?

POT AUX ROSES

C’est quand les émotions de Murphy prennent le dessus que tout chavire dans le film. Épaulé par une sorte de Frankenste­in bien vaillant (Gary Oldman), Murphy découvre le pot aux roses et le dessein véritable de ses créateurs d’OmniCorp.

Il y a néanmoins de bons éléments dans ce RoboCop. À commencer par la distributi­on (Michael Keaton, Jackie Earle Haley et Samuel L. Jackson), qui est solide. L’action et les effets spéciaux sont raffinés. L’armure de Joel Kinnaman est presque aussi belle que celle de Robert Downey Jr dans Et, d’une manière, quoique peu subtile, le film aborde des questions délicates concernant l’utilisatio­n de drones par l’armée américaine et ce qui distingue l’homme de la machine.

TOUCHES D’HUMOUR

Iron Man.

Mais le cyborg est complèteme­nt différent du policier sanguinair­e et fou de Verhoeven. Le jeu des acteurs est péniblemen­t convention­nel. Les seules touches d’humour viennent de quelques répliques de Samuel L. Jackson et d’un clin d’oeil étrange au film de 1987.

La ville de Detroit en 2028 n’a pas de sens. Elle est bien mieux que celle d’aujourd’hui, et ce, probableme­nt due au fait que le film ait été tourné à Toronto et à Vancouver.

Les nouvelles versions ne devraient pas reproduire les oeuvres originales à la lettre, mais du moins contenir les éléments intrinsèqu­es.

Le premier RoboCop est mémorable en raison de sa violence, de sa satire et du portrait d’un monde corrompu, qui pourrit de l’intérieur. Tout ce qu’on ne retrouve pas ici. Le RoboCop de Padilha a la note de passage, sans plus.

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