45 milliards
L’entente conclue au sujet de l’île d’Anticosti ne semble pas si payante que ça
Dans ma chronique d’hier, j’avançais que l’exploitation du pétrole ne serait pas aussi rentable qu’on le dit pour le Québec. Les 45 milliards $ promis sur 30 ans représentent 1,5 milliard par année et non pas 150 millions. Merci aux nombreux lecteurs de m’avoir signalé la différence. En des mots pas toujours polis, mais les emmerdes sont pour ainsi dire dans ma description de tâche.
C’est le genre d’erreur que l’on commet quand on fait plusieurs choses à la fois et que le téléphone n’arrête pas de sonner. Ça ne l’excuse pas, mais ça l’explique. Et ça gâche la matinée du samedi.
Mais l’essentiel de mon propos tient toujours, que l’on parle de 1,5 milliard ou de 150 millions, il ne faut pas rêver en couleurs. C’est bien peu devant la voracité de l’État. La moindre marge de manoeuvre est consommée aussitôt identifiée.
Quand le fédéral réduit la TPS, on augmente la TVQ et, dépense oblige, on retourne en déficit. D’ailleurs, nous sommes en déficit chronique depuis cinq ans et ce sera encore 1,75 milliard dans le rouge l’an prochain. Quant à la dette, je vous fais grâce d’une nouvelle description de cette montgolfière.
DÉPENSE ADDITIONNELLE
Je reprends l’exemple de l’aide sociale parce qu’il donne la mesure des futures redevances pétrolières. Pour assurer la subsistance de quelque 440 000 personnes, le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale leur verse 240 millions chaque mois.
Je ne tiens pas à faire la démonstration que les redevances seront insignifiantes: 1,5 milliard, c’est toujours mieux que 10 fois moins… Mais ce n’est pas le pactole non plus. Surtout quand tout le monde est aux portes de l’État, la main tendue, réclamant ceci, cela ou autre chose.
Dans ce qu’il appelle une «mise à jour», le ministère des Finances précisait l’automne dernier que les coûts additionnels des régimes de retraite et des avantages sociaux futurs des employés de l’État avaient augmenté de 400 millions; on a aussi constaté un impact de 100 millions sur les intérêts du passif accumulé. On parle de 500 millions cette année.
L’an dernier, les retraites ont coûté plus de 2,5 milliards. L’an prochain, ce sera plus. Cette dépense additionnelle n’entraîne évidemment aucune amélioration des services. Mais il faut la payer.
PROBLÈMES BUDGÉTAIRES
Vous voyez qu’il est facile de faire disparaître 1,5 milliard. Un autre exemple: les coûts de système, c’està-dire la hausse naturelle des dépenses, dans le secteur de la santé, ils sont de 1,1 milliard par année. En majeure partie, il s’agit de salaires à payer. Additionnez les coûts de système en éducation et vos redevances pétrolières sont dépensées.
L’idée d’exploiter le pétrole de l’île d’Anticosti n’est pas mauvaise en soi. Mais l’entente conclue ne semble pas si payante que ça. Il ne faudrait pas croire qu’on sera hyperriches et que nos problèmes budgétaires seront dès lors résolus. «Loin s’en faut», comme on dit à Beauport…