Les Suisses et « l’immigration massive »
Le dimanche 9 février, les Suisses votaient à 50,3 % par référendum pour en finir avec « l’immigration massive ».
À travers l’Europe, les réactions ne se sont pas fait attendre: on a fait jouer les sirènes d’alarme à la xénophobie. Mais plutôt que dénoncer, on devrait plutôt comprendre la signification de ce vote et ses raisons.
Ce vote a surpris tout le monde: du patronat aux syndicats, des Églises aux médias, les opposants étaient médiatement dominants. Pour le dire simplement, les élites croyaient faire barrage. Mais en Suisse, elles ne contrôlent pas complètement le jeu politique. Le référendum d’initiative populaire permet au peuple d’imposer ses préoccupations aux gouvernants, de se rappeler à eux.
Il ne faut pas mal comprendre: l’immigration massive n’est pas l’immigration. Les Suisses n’ont pas fermé leurs frontières. Ils exigent toutefois de pouvoir sélectionneur leurs immigrants. Un peu comme le Canada en est capable. D’autant que depuis dix ans, la Suisse a accueilli 700 000 immigrants.
D’où vient alors l’indignation hystérique? Du fait que les Suisses ont probablement transgressé un dogme: celui de la nécessaire et progressive abolition des frontières, sur laquelle il serait interdit de revenir. Au nom de la mondialisation, de «l’ouverture à l’autre», on vide les pays de leur souveraineté et on diabolise la défense de leur identité.
RESPECT DES TRADITIONS
Et c’est pourtant de cela qu’il s’agit: un pays n’est pas qu’un marché. Ce n’est pas non plus qu’une association d’individus enfermés dans leurs droits. C’est une culture. Un mode de vie. Il est légitime de défendre la première et de conserver le second. Cela ne veut pas dire s’enfermer dans le passé. Cela veut dire témoigner d’un certain respect pour ses traditions.
Il y a là une leçon pour les autres pays européens. Qu’on soit d’accord ou non avec le vote suisse, on constate que les nations européennes expriment un «désir d’identité». Souvent, trop souvent, les partis de gouvernement le considèrent avec mépris. Ce sont des partis populistes qui le récupèrent et qui le transforment en créneau à succès. C’est ce qui est arrivé en Suisse.
Le vote suisse devrait servir d’alarme aux partis de gouvernement partout en Occident, qu’ils soient de gauche, de centre ou de droite. Mais une alarme ne vaut que si elle est entendue. La vie politique se renouvelle à travers la question identitaire. Pour le meilleur et pour le pire. La censure qui a longtemps pesé sur la question de l’immigration a provoqué une situation intenable
Pour certains, dès qu’on veut réduire les seuils d’immigration, on passe pour raciste. Par réaction, certains lui font porter tous les maux. Il faudrait revenir à une vision de bon sens. Aucun pays ne va s’enfermer dans ses frontières. Mais il doit accueillir des immigrants en tenant compte de ses capacités d’intégration. Et un immigrant a pour devoir d’adopter l’identité du pays d’accueil.
Dans ces termes, la question de l’immigration se posera sereinement.