Conséquence d’une logique impérialiste
Il y a cent ans cette année éclatait le plus grand conflit militaire qu’avait connu l’histoire humaine jusque-là. Ce conflit, qu’on allait après coup appeler « Première Guerre mondiale », dura plus de quatre ans (1914-1918) et changea le monde. D’où tira-t-il ses origines ?
Les causes du conflit sont multiples et s’échafaudent de façon complexe. Certaines sont immédiates, d’autres plus lointaines. Toutes ont leur importance par leur interaction, qui crée un contexte global capable d’exploser.
L’un des facteurs a trait aux intérêts économiques. Au début du XXe siècle, la différence des rythmes de développement économique des pays européens fait naître des inquiétudes, voire des rivalités. Les États n’ignorent pas, conséquemment, quels avantages matériels un succès militaire peut assurer.
NATIONALISME
Cette logique impérialiste prévaut aussi à l’échelle planétaire. Depuis quatre siècles, le capitalisme européen se développe beaucoup grâce à l’accaparement de colonies, qui permet de tirer des matières premières et d’écouler des produits manufacturés. Or dès le XIXe siècle, les territoires encore disponibles sont rares, provoquant une véritable course entre les puissances coloniales. Cette compétition entraîne de nombreux conflits sur les autres continents, mais aussi des tensions européennes qu’il est tentant de régler par la force.
Des tensions qu’exacerbe le nationalisme, dont se servent les États pour mobiliser les populations derrière leurs politiques impérialistes. Ce nationalisme s’appuie sur le ressentiment qu’ont pu causer des conflits antérieurs ou sur de vieux antagonismes opposant les nations. Il permet de gommer les difficultés intérieures et de renforcer la cohésion sociale en canalisant les énergies vers des succès extérieurs.
PSYCHOSE
En provoquant une véritable psychose de guerre, l’impérialisme et le nationalisme lancent les États européens dans ce qu’il est commun d’appeler une paix armée. Celle-ci se caractérise par l’augmentation ahurissante des budgets militaires, des armes et effectifs et de la durée du service obligatoire, par le renforcement de dispositifs de défense et l’élaboration de stratégies d’attaque. Persuadés qu’il y aura conflit, les États se préparent. Ils construisent aussi des systèmes d’alliances s’appuyant sur leurs rivalités respectives. Ces engagements diplomatiques, la plupart secrets, lient entre elles et de façon très serrée les différentes puissances.
Un tel engrenage, déclenché par l’attentat de Sarajevo, met en branle tout un mécanisme automatique qu’il n’est plus possible d’arrêter. L’événement cristallise les tensions, exalte le nationalisme et fait aboutir une course militaire dont l’issue ne pouvait être autre.
Avec la psychose ambiante, tout le monde se résigne devant «l’inévitabilité» de la guerre et croit que celle-ci sera courte et salutaire. Et si les empires centraux portent une lourde responsabilité dans le déclenchement du conflit, la TripleEntente ne peut être innocentée, car tous semblaient attendre une faute, d’où qu’elle vienne.