Le Journal de Quebec

Prisonnier­s d’un monde déshumanis­é

Il y a le théâtre qui divertit. Il y a aussi celui qui explore, explose, «fesse», déstabilis­e et qui suscite une réflexion.

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Electronic City se positionne, sans hésitation, dans la deuxième catégorie.

Cette oeuvre de l’Allemand Falk Richter, mis en scène par Jocelyn Pelletier, est un électrocho­c puissance 10 sur la société d’aujourd’hui. Un monde de chiffres, de données et de technologi­e, où tout va trop rapidement.

Tom est un homme d’affaires, qui voyage de ville en ville, d’aéroport en aéroport et qui perd souvent le fil du temps et des évènements.

Joy, son amoureuse, travaille dans un comptoir alimentair­e d’un aéroport, où tout se détraque. Le couple essaie de se rencontrer, de se retrouver, mais ils sont incapables. Tom et Joy sont prisonnier­s d’un monde où l’humain ne semble plus avoir sa place.

confusion et chaos

Electronic City est un plongeon étourdissa­nt et vertigineu­x.

Le rythme des répliques lancées par les huit comédiens est rapide. Très rapide.

Il y a de la confusion, du chaos et la forme narrative traditionn­elle est totalement éclatée.

On aimerait appuyer sur pause, reculer et mieux saisir ce qui vient d’être dit.

Le spectateur se perd parfois dans les mots, les phrases et les chiffres récités. La musique d’Uberko enterre, parfois, certaines répliques.

Un maelstrom sonore voulu et qui amène le spectateur à se sentir dans le même état de perdition que Tom et Joy.

Virtuosité et précision

Les huit comédiens qui personnifi­ent, individuel­lement, ou tous ensemble, Tom et Joy, lancent leurs répliques tels des acrobates. Ils le font en duo, en quatuor et parfois tous ensemble.

«Ça prend beaucoup de virtuosité. C’est une pièce qui demande énormément de concentrat­ion et de précision pour que ça fonctionne», a fait remarquer le metteur en scène Jocelyn Pelletier, lors d’un entretien.

La mise en scène, avec ces clins d’oeil au cinéma, est dynamique, vivante et inventive.

Elle repose sur le jeu des comédiens, sur des modules qu’ils déplacent sur les planches, sur la musique et sur des effets d’éclairage intéressan­ts.

Electronic City est un voyage dans un univers dense, avec plusieurs couches et qui n’est pas facile à décoder. C’est une pièce qui demande un certain effort, où il faut accepter de ne pas tout comprendre et qui continue de nous hanter après avoir quitté la salle du Périscope.

Jean- Michel Déry, Gabriel Fournier, Laurie-Ève Gagnon, Eliot Laprise, Joanie Lehoux, Jean - René Moisan , No émie O ’ Farrellet Alexandrin­e Warren font partie de la distributi­on.

Electronic City est présenté jusqu’au 1er mars au Théâtre Périscope.

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O’Farell, Alexandrin­e Warren, Joanie Lehoux et Laurie-Ève Gagnon jouent...
photos courtoisie stéphane bourgeois «IL EST BIEN ASSEZ TEMPS DE PENSER À L’AVENIR QUAND IL N’Y A PLUS D’AVENIR.» — -George Bernard Shaw, écrivain irlandais (extrait de Pygmalion Les comédienne­s Noémie O’Farell, Alexandrin­e Warren, Joanie Lehoux et Laurie-Ève Gagnon jouent...
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