Le Journal de Quebec

Une communauté en deuil

300 personnes se sont recueillie­s à Trois-Rivières en hommage aux victimes

- GENEVIÈVE GEOFFROY

«Même si elle n’est plus là physiqueme­nt, je sens Raphaëlle avec moi. Elle veille sur nous, j’en suis sûre.»

Plusieurs jours après la mort d’une de ses meilleures amies, la douleur de Roxanne Goulet-Massicotte est toujours aussi vive.

«Je ne comprends pas parce que je connaissai­s [l’un des deux accusés] et je ne l’avais jamais vu comme ça: il était plutôt gentil et joyeux», témoigne-t-elle.

DOULEUR ET INCOMPRÉHE­NSION

Cette douleur et cette incompréhe­nsion, on la lisait sur les visages des quelque 300 personnes venues rendre hommage à Raphaëlle Boisvert, 17 ans, à sa soeur aînée, Roxanne Boisvert, 22 ans, et à son ami de coeur, Jessy Chevalier, 17 ans, hier après-midi, devant le Collège Marie-de-l’Incarnatio­n, à Trois-Rivières.

Les trois jeunes adultes ont été abattus par arme à feu mardi matin; leur mort serait le triste résultat d’un triangle amoureux.

«Pourquoi elle? questionne en larmes Coralie Beaudoin, une amie de classe de Raphaëlle. Elle ne méritait pas ça.»

«On l’attend encore, mais elle n’arrivera jamais!» lance Gabrielle Bouchard, serrant son amie dans ses bras.

«Ils sont partis trop tôt et tragiqueme­nt», déplore Lucie Bruno, qui a enseigné aux deux soeurs.

«Depuis que Jessy est parti, on se réunit toute la gang presque tous les jours, il a encore sa place parmi nous», dit Julien Cassidy, un ami.

S’ils méritent d’être punis, les deux accusés dans cette affaire, un jeune de 16 ans et un de 17 ans, ne méritent pas d’être haïs, selon Gabrielle et Coralie, qui les connaissen­t. Selon elles, ils sont malades et doivent être soignés. « Ça ne sert à rien d’avoir de la haine, [même si] je n’aime pas ce qu’ils ont fait», insiste Coralie.

Après avoir déposé des accusation­s de meurtre et de complot pour meurtre contre les deux suspects, la Couronne a fait part de son intention de demander qu’une peine pour adultes leur soit imposée. «J’aurais aimé que des gens réagissent plus tôt», ajoute Gabrielle, faisant référence aux messages haineux lancés sur Facebook par l’un des suspects avant le drame.

MOBILISATI­ON

Après leur enterremen­t, le père des deux soeurs compterait militer pour empêcher qu’un tel drame ne se répète, selon Réjean Lemay, directeur du Collège, qui compte lui donner son appui.

«Si j’avais lu sur votre Facebook [des menaces], j’appelle qui? La police? Le CLSC? Donc, on va travailler autour de ça, ne serait-ce que d’avoir un numéro de type 1 800 pour que quelqu’un puisse intervenir», avance le directeur.

Cette initiative sera également proposée lors du prochain conseil d’administra­tion du Collège et M. Lemay a bon espoir qu’elle soit bien accueillie. Le père des deux victimes n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

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Les proches des victimes ont procédé à un lâcher de ballons en leur mémoire. Des mots ont été accrochés à certains.

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