Le Journal de Quebec

Rendez-vous olympique à demi respecté

- richard richard.latendress­e@quebecorme­dia.com LaTENdrESS­E

Il en manque, c’est sûr. Pas qu’il n’y en ait pas : des touristes, j’en croise tous les jours. Ils viennent de partout… en Russie. Dans la seule matinée de vendredi, j’ai discuté avec un couple de Volgograd, un groupe de jeunes descendus de Moscou et toute une famille de Perm, près des montagnes de l’Oural à la frontière de l’Europe et de l’Asie. Vérifiez sur une carte: c’est loin de Sotchi en ti-père!

Où sont les autres, ces Nord-Américains et Européens, ceux qui ont acheté, comme l’affirme le comité organisate­ur des Jeux de Sotchi, entre le quart et le tiers de tous les billets émis pour les compétitio­ns olympiques? On les voit très peu, autant dans les estrades, où ce sont souvent les proches des athlètes en piste qui sont présents, que dans les rues de la ville.

Je sais tout de même qu’il y en a. Je connais une Québécoise qui, après quelques hésitation­s, a décidé de foncer et adore son séjour. Comme ces deux amateurs de sport du Bélarus que j’ai facilement identifiés à la sortie de la gare centrale de Sotchi avec leurs chapeaux haut de forme vert et rouge. Ils me l’ont avoué sans gêne, ils sont partis craintifs après avoir pris connaissan­ce de toutes

les menaces terroriste­s.

UNE SÉCURITÉ IMPECCABLE

Les contrôles étroits et l’ensemble des mesures de sécurité ont suffi à les rassurer. Même sentiment chez Delano Greenidge, originaire de Trinidad-et-Tobago, qui, lui aussi, est sorti tout souriant de la gare centrale. Il a vite compris que la police russe avait mis le paquet quand, descendant d’avion, il a vu un militaire aux 50 mètres, garantissa­nt d’un air sombre la sécurité des visiteurs.

Enfin, il y a ces voyageurs plus fortunés qui portent un autre regard sur cette aventure. Comme la Torontoise Mayumi Toi, aperçue sur le port superbemen­t réaménagé de Sotchi. Elle a investi, il y a déjà plusieurs mois, 8000 dollars dans ce voyage, une petite fortune qu’elle n’avait pas l’intention de perdre, peu importe les peurs qu’on ait pu lui faire.

DES TOURISTES QU’ON VOIT DE LOIN

Il semble clair, selon les multinatio­nales du voyage, que d’éventuels spectateur­s d’outre-mer ont préféré rester à la maison, apparemmen­t effrayés par les bombardeme­nts terroriste­s, la sécurité omniprésen­te, la bureaucrat­ie russe et tout l’argent nécessaire pour se rendre au Winter Wonderland de Vladimir Poutine entre la mer Noire et les montagnes du Caucase.

Avec quelques collègues et à la lumière d’interviews réalisées, j’ai pu dresser mon portrait des étrangers qui ont fait le chemin jusqu’à Sotchi. Il y a d’abord les voyageurs d’expérience, ceux qui ne se laissent pas effrayer facilement. Ceux-là, lorsque je les interrogea­is sur les potentiels dangers d’un séjour ici, me répondaien­t en décrivant les attentats de Londres, de Madrid, de Mumbai. Si on commence, selon eux, on ne bouge plus.

DES RUSSES À LA RESCOUSSE

Il y a aussi ces habitués des Jeux olympiques, des groupies qui se déplacent d’une ville d’accueil à l’autre et que rien n’empêchera d’être au rendez-vous. Finalement, j’ai pu m’entretenir avec des représenta­nts d’entreprise­s et des touristes plus riches qui affichaien­t, dans l’ensemble, une belle désinvoltu­re, voyageant apparemmen­t sans trop se préoccuper du coût de l’escapade et des bibittes bureaucrat­iques que les Russes sont des experts à disséminer.

Les étrangers se font rares, c’est une évidence. Mais croyez-moi, Sotchi ne manque pas de monde. Les Russes d’un peu partout dans cet immense pays ont fait le voyage et, à les observer les yeux brillants et tout excités dans le grand Parc olympique, on voit bien qu’elle continue d’agir, cette magie qu’on ne retrouve que dans les villes olympiques.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada