Le Journal de Quebec

Des propos franchemen­t indignes

Je m’étais presque habitué à ces chroniques virulentes dans les quotidiens populaires du Canada anglais, où Éric Duhaime se permet d’écrire des choses que peu d’anglophone­s se permettrai­ent sur le Québec.

- CHRISTIAN DUFOUR christian.dufour@quebecorme­dia.com Que pensez-vous des propos de M. Duhaime à l’endroit du Québec ? Venez en débattre jdeq.com/opinions

Il y flatte les lecteurs allergique­s à cette province corrompue, dominée par les séparatist­es et les socialiste­s, en plus d’être entretenue par la péréquatio­n en provenance du reste du pays.

Je me disais qu’après tout, la liberté de presse existe plus pour protéger l’expression de propos outrancier­s de ce genre que pour les banalités consensuel­les.

ON CHERCHE EN VAIN UN ÉQUIVALENT CANADIEN-ANGLAIS À ÉRIC DUHAIME

BOISCLAIR COMME FORD

Cela dit, c’est une chose que de critiquer notre dépendance débilitant­e à l’égard de la péréquatio­n. C’en est une autre de le faire au Canada anglais, avec la crédibilit­é toute particuliè­re d’un francophon­e québécois, au moment où de plus en plus de gens là-bas voudraient changer les règles du système à nos dépens.

J’ai commencé à tiquer vraiment quand, dans son zèle à défendre Rob Ford contre la méchante presse torontoise, Duhaime n’a pas craint de rabaisser le péquiste André Boisclair au même niveau que le maire conservate­ur.

Une fois n’est pas coutume, cela lui permettait de donner hypocritem­ent en exemple un Québec qui aurait respecté, lui, la vie privée de Boisclair!

On n’avait rien vu! Il y a trois semaines, le chroniqueu­r touchait le fond en en appelant carrément à l’interventi­on des forces de police du reste du pays dans les affaires d’un Québec incapable de régler ses problèmes dans le domaine de la constructi­on.

Étant bien entendu que pas un seul des 125 députés québécois n’est capable, selon lui, de défendre les intérêts des travailleu­rs d’ici.

HÉROS NOIRS QUÉBÉCOIS

C’est le moment où on se dit que la liberté d’expression n’existe pas seulement pour de tels propos indignes et qu’il faut critiquer aussi durement leur auteur qu’il tape lui-même sur le Québec.

Sans compter que, pratiqueme­nt au même moment, il exprimait en français à la radio ses regrets que les héros des Québécois noirs se révèlent presque tous être des «zéros». Y compris Barack Obama, supposémen­t «le pire président de l’histoire des États-Unis».

Dans la bouche de quelqu’un ayant appuyé la folle interventi­on de George W. Bush en Irak, au point d’aller lui-même sur le terrain aider au triomphe de la démocratie!

Cela, alors que l’écrivain québécois d’origine haïtienne, Dany Laferrière, vient d’entrer à l’Académie française, l’institutio­n culturelle la plus prestigieu­se du monde francophon­e!

Le point commun à ces divagation­s est évidemment la défense inconditio­nnelle d’une droite radicale à l’américaine, dont sont exclus les conservate­urs modérés, de même que toute préoccupat­ion spécifique­ment québécoise.

Plus Éric Duhaime est marginalis­é dans une société québécoise réfractair­e à son messianism­e déconnecté, plus forte est la tentation de critiquer cette société avec virulence dans les médias canadiens-anglais.

On cherche en vain un équivalent canadien-anglais qui rabaissera­it ainsi sa société dans les médias québécois.

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