Pour une véritable neutralité
Pour justifier les mesures proposées dans sa Charte, le Parti Québécois a amplement invoqué le principe de la séparation de l’État et de l’église.
Le ministre Drainville nous a expliqué avec conviction que «L’État a un devoir de neutralité», et que «L’État doit demeurer indépendant du pouvoir religieux et aucune religion ne doit déterminer la conduite des institutions publiques».
Pourquoi la neutralité est-elle si importante? Pour le gouvernement, «La neutralité religieuse de l’État garantit l’égalité de tous les citoyens», et «L’État est neutre par respect pour tous les citoyens». L’enseignement est clair et parfaitement légitime.
En parallèle du débat sur la Charte, les révélations entendues à la Commission Charbonneau ont confirmé ce dont tout le monde se doutait, à savoir qu’il existe une proximité certaine, sinon une complicité, entre l’État et le monde syndical.
ÉCHANGE DE FAVEURS
Il y a évidemment les privilèges officiels, comme le crédit d’impôt supplémentaire que Québec accorde à ceux qui optent pour le REER d’une centrale syndicale plutôt que tout autre REER, et les dispositions du Code du travail qui avantagent nettement les syndicats. Mais il y a aussi, et surtout, toutes les faveurs qui s’échangent en catimini. En période électorale, les syndicats mettent leur immense machine au service d’un parti, lequel usera ensuite de sa position pour défendre les intérêts des syndicats.
En réalité, l’État n’est ni neutre ni indépendant face aux syndicats. Au contraire, ils fricotent ensemble. Ils complotent et manigancent, souvent au détriment de l’intérêt des Québécois. Jean Lavallée l’a d’ailleurs prouvé en déclarant «Il va falloir qu’on parle à nos amis du PQ», et en invoquant le «deal» de la FTQ avec Blanchet.
L’ÉTAT N’EST NI NEUTRE NI INDÉPENDANT FACE AUX SYNDICATS
Et que dire de Michel Arsenault qui affirme: «On va parler à Pauline»?
UN DEVOIR
Pourtant, pour défendre sa Charte, le PQ martèle que la neutralité n’est pas une option mais un devoir, et que l’absence de neutralité est une marque d’irrévérence qui provoque des inégalités entre les citoyens.
Or, si le PQ tient ce raisonnement à propos des groupes religieux, ne devrait-il pas l’étendre également aux syndicats? L’État ne manque-t-il pas à son «devoir de neutralité» et ne fait-il pas preuve d’irrespect envers les Québécois en affichant un parti pris ostentatoire pour les syndicats? La collusion entre l’État et les syndicats ne provoque-t-elle pas des inégalités entre les privilégiés du système et le reste de la population?
Fondamentalement, un État ne peut véritablement être neutre que s’il est libre de toute influence, quelle qu’elle soit. Ainsi, pour paraphraser M. Drainville, l’État doit demeurer indépendant du pouvoir syndical et aucun syndicat ne doit déterminer la conduite des institutions publiques.
La Révolution tranquille a permis la séparation de l’État et de l’Église. Mais le clergé syndical remplace aujourd’hui les hommes en soutane. Ce n’est guère mieux.
Le PQ veut l’indépendance? Qu’il s’affranchisse donc du pouvoir syndical! Chose certaine, les Québécois sont prêts pour la séparation de l’État et des syndicats!