Le Journal de Quebec

Un goût amer accompagne Le champion

Jasey-Jay Anderson a l’impression d’avoir été oublié

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KRASNAÏA POLIANA | Impérial à Vancouver il y a quatre ans, Jasey-Jay Anderson entre à Sotchi avec l’impression d’avoir été oublié.

Quand il dit «pas besoin d’aller loin», on perçoit qu’il fait référence à l’équipe canadienne lorsqu’il soutient «qu’ils essaient juste de te tasser le plus vite possible».

«J’ai vu l’autre côté de l’être humain dans les quatre dernières années. Je le savais avant, mais là, je le vois vraiment: ça prend des victoires pour que les gens te reconnaiss­ent. Pas de victoires, on dirait que les gens ont même une perte de respect. Ça m’a attristé beaucoup», a partagé le vétéran, hier, au lendemain de son arrivée à Sotchi.

« ÇA A FAIT MAL »

L’athlète de 38 ans a toujours attribué ses piètres résultats depuis Vancouver aux efforts investis dans le développem­ent de son entreprise de fabricatio­n de planches à neige.

Sa septième place à Arosa en mars 2013 lui a permis de se qualifier pour ses cinquièmes Jeux olympiques, mais ce fut là son seul véritable coup d’éclat depuis son retour à la compétitio­n en décembre 2011.

Or, l’expertise qu’il dit avoir développée dans cette industrie aurait dû être récupérée, selon lui.

«Beaucoup de choses pourraient être accomplies avec les connaissan­ces que j’ai acquises, mais ce sont des connaissan­ces perdues parce que je n’ai pas les ressources moi-même pour pousser ça à fond. Pour notre sport et pour le sport en général, un athlète de mon âge et avec mon vécu, ça pourrait devenir un outil spécial si quelqu’un avait su bien l’exploiter», plaide-t-il.

«Il y a beaucoup d’ego dans le sport. Moi, j’ai toujours essayé de garder mon ego sur la piste. Quand tu descends, tu es seul et tu as alors l’impression d’être le meilleur du monde. Mais quand tu débarques de la planche, tu dois mettre ton ego à la bonne place. On est des humains comme tout le monde.

«Je n’essaie pas de me gonfler la poitrine toutes les cinq minutes et de me trouver meilleur qu’un autre. Là-dedans, il y a des gens qui veulent se prouver et, au lieu de se servir de toi, ils vont te piler dessus. Et ça, ça a fait mal», prétend-il.

POUR SES PLANCHES

Après 233 départs en Coupe du monde marqués par 27 victoires et 61 podiums, puis quatre titres de champion du monde, le résident de Lac-Supérieur avoue s’être posé la question si ses cinquièmes Jeux n’étaient pas de trop.

Une hernie cervicale subie au printemps 2011 l’avait cependant convaincu de reprendre l’entraîneme­nt pour retrouver la forme. Puis, la «salle d’essayage» que le circuit de la Coupe du monde lui offrait pour tester ses produits l’a finalement conduit jusqu’à Sotchi, où il viendra défendre son titre. N’eût été de sa fabrique de planches, il admet qu’il n’aurait jamais continué jusqu’ici.

«Après avoir retrouvé la santé et passé plus de temps avec mes enfants, j’ai commencé mes planches et les résultats sont devenus secondaire­s. Quand je suis revenu, je me suis juré que si je voulais des résultats, je n’aurais qu’à prendre ce que j’avais en 2010 et que j’irais en chercher des résultats. Mais ce qui était important pour moi, c’était le développem­ent de mes planches.»

Nous réserve-t-il un autre coup fumant comme celui d’il y a quatre ans?

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