Le Journal de Quebec

Une vente à prix gonflé pour enrichir des amis, selon Kuhn

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Jean-Marie Kuhn mène depuis plusieurs années un combat pour faire la lumière sur les dessous de la vente de la chaîne de hamburgers belge, Quick, en 2006.

L’entreprise a été vendue 800 millions d’euros par une compagnie contrôlée par Albert Frère à un groupe d’investisse­urs privés et à la Caisse des dépôts et consignati­ons, l’équivalent français de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Le bilan financier de Quick a été «maquillé» afin de justifier une vente à un prix très élevé, selon Kuhn.

«Deux ans avant la vente, le PDG de Quick disait qu’il était vendeur pour 300 millions d’euros et tous les intéressés se sont retirés», affirme-t-il.

Comment une firme qui ne valait pas 300 millions d’euros a-telle bien pu trouver preneurs à 800 millions deux ans plus tard? Les médias français et belges s’intéressen­t de plus en plus à cette question.

ACHETER GRâCE À LA CAISSE

Selon des documents de cour déposés en Belgique et consultés par notre Bureau d’enquête, les investisse­urs privés anonymes qui ont acheté Quick avec la Caisse n’ont investi que 74 000 euros de leur propre argent.

Le reste du financemen­t a été obtenu grâce à une garantie que la Caisse des dépôts a fournie à la Banque ING, qui a financé l’achat de Quick avec un prêt. Une dette énorme a été ajoutée au bilan de Quick, qui a dû recevoir une autre injection d’argent public en 2013.

ENRICHISSE­MENT RAPIDE

Les investisse­urs privés, dont M. Kuhn dit détenir la liste, se sont ensuite rapidement vu verser un dividende de 326 millions d’euros, en contravent­ion de la loi, selon Kuhn.

Selon l’homme d’affaires, Quick, qui était la propriété d’une entreprise du milliardai­re belge Albert Frère, aurait été vendue à un prix gonflé pour permettre à Frère et à d’autres investisse­urs de s’enrichir avec le trésor public.

Le profit obtenu aurait notamment servi à financer l’achat d’actions de Suez, un géant de l’énergie français.

Albert Frère est un très proche associé de la famille Desmarais. Les deux familles ont même soudé officielle­ment un pacte en 2012 (voir autre texte). «Albert Frère, c’est l’alter ego des Desmarais. Ils se parlent pour toutes les transactio­ns de Power en Europe», soutient M. Kuhn.

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