Le Journal de Quebec

Paresse libérale

On ne pouvait pas imaginer une rentrée parlementa­ire plus mal foutue pour Philippe Couillard.

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Le pauvre homme a dû encaisser l’idiotie du député de Verdun, Henri-François Gautrin, qui prédit une victoire du PQ aux prochaines élections. Les apparatchi­ks libéraux ont tenté de minimiser les dégâts, mais il était trop tard; le communiqué rappelant que le PLQ visait une victoire électorale a provoqué la rigolade et restera une pièce d’anthologie.

Concédons cependant que M. Couillard a plutôt bien fait à la période des questions; la première ministre est restée évasive, mais cela n’est pas nouveau.

Y aura-t-il un budget ou pas? M. Couillard accorde à cette question une grande importance, même si le budget du Québec, déficitair­e depuis plusieurs années, est une tradition d’inexactitu­des.

Mais le successeur de Jean Charest n’a pas vraiment pu se faire valoir. Après le désopilant Gautrin, Fatima Houda-Pépin a rompu l’omertà libérale pour barbouille­r le portrait de son ancien chef.

La députée de La Pinière, qui n’a jamais eu froid aux yeux, n’a pu étreindre ses sanglots en racontant son calvaire. Tout le monde l’a vue à la télé, réduite au silence par l’émotion. Chez les libéraux, habitués au silence des agneaux, c’était la consternat­ion. Certains ne pouvaient en croire leurs yeux ni leurs oreilles et ont cru à une comédie bien jouée.

LESSARD ET HAMAD

Mais la guigne s’est acharnée sur les libéraux, alors que jeudi, les manchettes ne donnaient pas le beau rôle aux ex-ministres Laurent Lessard et Sam Hamad, dont les noms ont surgi à la commission Charbonnea­u. Ils auraient été passifs devant les pratiques mafieuses des barons du syndicalis­me québécois.

Les deux hommes se sont défendus, mais les manchettes du lendemain ont toujours moins d’impact… Les gens sont naturellem­ent portés à croire les témoins convoqués par France Charbonnea­u.

Cela dit, qu’en est-il aujourd’hui? Qu’a-t-on fait au juste qui empêcherai­t d’agir un autre Gérard Cyr, un autre Johnny Lavallée ou un autre Jocelyn Dupuis? Des syndicalis­tes au passé et aux relations douteuses, il y en a encore sur les listes de paye syndicales. Sur ce genre de choses, la ministre du Travail, Agnès Maltais, est moins volubile. Elle dit avoir mis sur pied un comité «de vigie» formé de Claudette Carbonneau, Jean Cournoyer et Matthias Rioux. L’action n’a jamais caractéris­é le ministère du Travail, on préfère la réflexion...

INTERVENTI­ON

À la télé, la pdg de la Commission de la constructi­on du Québec, Diane Lemieux, a invité à mots couverts le gouverneme­nt à intervenir. Il en sait suffisamme­nt pour arracher enfin les honnêtes travailleu­rs de la constructi­on des griffes de la Fédération des traficoteu­rs du Québec. Pourquoi ne le fait-il pas?

Si ses députés étaient moins paresseux, Philippe Couillard pourrait placer ici le gouverneme­nt sur la défensive, mais les ex-ministres croient souvent que le pouvoir est cyclique et qu’il leur suffit d’attendre qu’il revienne. La nonchalanc­e de ses troupes est le plus grave problème de M. Couillard.

Pendant ce temps, Pauline Marois rayonne et subvention­ne. Ciment, pétrole, techno. Chaque jour, elle trouve un ruban à couper… C’en est presque drôle.

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