Pas de crise dans l’hôtellerie
Selon la CSN, les hôteliers ne réinvestissent pas et gèrent mal leur établissement
Les multiples fermetures d’hôtels, survenues au cours des derniers mois, ne sont pas le résultat d’une crise dans l’industrie hôtelière québécoise, mais plutôt de la gestion déficiente et de l’appât du gain de certains hôteliers. C’est ce qu’indique une étude de la CSN, obtenue en exclusivité par Argent.
Dans ce document, la centrale syndicale remet en question les arguments avancés par les représentants de l’hôtellerie pour justifier les fermetures. Ces derniers ont montré du doigt la chute des taux d’occupation. Certains ont aussi prétendu que les conditions de travail négociées par la CSN plombaient la rentabilité des établissements hôteliers.
«Les propriétaires de grands hôtels ont engrangé des profits pendant des années sans jamais investir dans leurs établissements et dans la formation de leurs employés», a dénoncé Michel Valiquette, trésorier de la Fédération du commerce de la CSN.
Selon des données de la CSN, 66 établissements ont fermé leurs portes en 2013, en incluant le Holiday Inn Montréal Midtown et le Loews Le Concorde de Québec, qui auront servi des clients en 2014. Parmi les disparus, seulement dix hôtels employaient des syndiqués, dont sept étaient affiliés à la CSN.
RECORDS D’ACHALANDAGE
L’étude de la centrale précise aussi que le taux d’occupation des hôtels et le prix moyen des chambres ont progressé légèrement de 2012 à 2013. Le taux d’occupation est passé de 53 à 53,3 % dans l’ensemble de la province, mais il atteint 67 % dans la région de Montréal et 58 % dans la région de Québec.
On prévoit d’ailleurs des records d’achalandage dans les prochaines années, à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal, entre autres. Quant au prix moyen enregistré pour les chambres, il est passé de 120 à plus de 122 $ pour l’ensemble du Québec. À Montréal le tarif moyen a atteint 142 $ alors qu’il s’est chiffré à 130 $ à Québec.
«Avant, les hôtels appartenaient à de vrais hôteliers. Mais aujourd’hui, ce sont souvent des fonds d’investissement et des caisses de retraite qui les possèdent. Leur objectif est le profit à court terme. Pas la satisfaction de la clientèle», a dit M. Valiquette.
RENVERSER LA TENDANCE
Selon la CSN, la plupart des hôtels qui sont disparus ne souffraient pas d’un problème de rentabilité. Le syndicat pense que les propriétaires pouvaient renverser la tendance en réalisant des investissements importants.
«Ils auraient pu s’ajuster aux nouvelles attentes des voyageurs, en offrant du haut de gamme et un service plus personnalisé. Mais les propriétaires ont préféré vendre leur immeuble à profit plutôt que de réinvestir», a expliqué Michel Valiquette, qui a passé 25 années dans le secteur hôtelier.
L’argument des conditions de travail trop avantageuses ne tient pas davantage la route, croit la CSN. Le salaire moyen du personnel hôtelier syndiqué variant de 20 000 à 40 000$ par année.