Le Journal de Quebec

Du sport à l’écran

Des athlètes choisissen­t la télévision comme deuxième carrière

- Sandra Godin lSGodinJDQ

Pour commenter et décrire le sport, les diffuseurs font confiance à l’expertise des sportifs. Après leur carrière, nombreux sont ceux qui troquent patins, bâton de hockey ou ballon de football pour le micro et qui choisissen­t l’écran comme deuxième terrain de jeu.

Une carrière dans le sport profession­nel se termine alors que les athlètes sont encore relativeme­nt jeunes. Beaucoup d’entre eux se tournent vers le milieu médiatique, utilisant ainsi le bagage acquis. La télévision est très populaire auprès des sportifs qui doivent se réinventer, mais les défis sont nombreux.

Ce n’est pas parce que ce sont des étoiles du sport qu’il est facile de livrer la marchandis­e à l’écran.

«Regarder un match en tant que partisan et en tant qu’analyste, ce n’est pas pareil, raconte Enrico Ciccone, un ancien hockeyeur qui fait de la télévision depuis 14 ans.

«On regarde le match et on se fait demander ce qu’on a vu. On ne peut pas juste répondre qu’on a vu trois buts. Et une fois que tu as fait le tour de tes expérience­s personnell­es, de tes connaissan­ces, il faut que tu apportes autre chose.»

AU-DELÀ DES STATISTIQU­ES

«Le grand défi est justement d’amener le sport à l’écran, croit Dave Morissette. Ce que veulent les gens, ce ne sont pas des statistiqu­es, il y a des journalist­es pour ça. Ils veulent savoir ce que vous avez vécu, comment ça se passe dans le vestiaire, comment ça s’est passé quand tu as remporté ta médaille olympique, comment tu réagis à une défaite, pourquoi tu as fait une contre-performanc­e…»

Le métier comporte son lot de difficulté­s. Médaillée aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996, Annie Pelletier s’était vu offrir une émission en

prime time quelques mois après son retour. Elle en garde un souvenir amer. «Ç’a été rapide, explique celle qui est appelée à commenter lors des Jeux olympiques d’été. Je n’avais pas de bases. Entre donner des entrevues et en faire, il y a une grosse différence.»

LA « PUCK » ET LE « NET »

Un des plus grands défis des athlètes québécois est celui de la langue française. «On peut dire que 99 % des entrevues dans la Ligue nationale de hockey se font en anglais, poursuit Ciccone. Quand tu arrives à la télévision, tu ne peux pas parler de la «puck» dans le «net». Et les diffuseurs ont un grand souci de ça. C’est un défi quotidien.»

La plupart des sportifs vont apprendre «sur le tas», tandis que d’autres vont suivre des cours. C’est le cas du gardien de but Patrick Lalime et de Mathieu Dandenault, qui est retourné à l’école chez Promédia.

«J’ai passé ma vie à répondre aux questions. Aujourd’hui, c’est moi qui dois les poser…»

UN TRAVAIL CRITIQUÉ

À l’écran, les sportifs font souvent face à la critique de plus en plus accessible sur les réseaux sociaux. Mathieu Dandenault défend la place des sportifs à l’écran.

«On est là pour éduquer le téléspecta­teur sur ce qui se passe, et je ne sais pas qui d’autre peut faire ça», dit-il.

«Les gens se moquent de nous et disent qu’on n’est pas éduqué parce qu’on n’est pas bon en français, dit le joueur étoile Simon Gagné. Mais on est habitué de parler en anglais… Il ne faut pas oublier qu’on est là pour notre expérience. Moi, je veux dire aux gens ce qu’ils n’ont jamais eu la chance d’entendre.»

Les athlètes entreprenn­ent leur carrière à l’écran en apportant les valeurs du sport.

«Ce sont des gens fiers, dit Enrico Ciccone. C’est pour ça qu’ils sont devenus les meilleurs, ils n’acceptent pas de finir à l’arrière du troupeau.

«C’est la même chose quand ils arrivent à la télé. Il faut leur donner une chance, car ce sont les meilleurs pour nous informer sur le sport.»

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En décembre dernier, l’ancien joueur du Canadien de Montréal Dave Morissette a conclu une entente de six ans avec TVA Sports pour continuer d’animer l’émission Le match en plus de collaborer quotidienn­ement à l’émission Salut, bonjour!, puis au...
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