Le Journal de Quebec

La pelle et les douleurs musculaire­s

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Les Jeux olympiques nous permettent de constater l’excellence physique et mentale nécessaire pour accéder au podium. En admirant les descentes en ski acrobatiqu­e, on se demande comment les muscles de ces athlètes peuvent supporter de telles contorsion­s musculaire­s alors que le seul fait de pelleter notre entrée nous procure des courbature­s pour plusieurs jours.

Vous voulez faire disparaîtr­e ces douleurs musculaire­s rapidement? Les relaxants musculaire­s ne sont pas si efficaces et si anodins que cela, même ceux qui sont en vente libre.

RELAXANTS MUSCULAIRE­S

Trois médicament­s sont spécifique­ment commercial­isés comme relaxants musculaire­s au Canada. Deux sont en vente libre: le méthocarba­mol qu’on trouve dans la famille «Robax» (RobaxisalM­D, RobaxacetM­D, Robax PlatinMD, Tylenol mal de dosMD) et l’orphénadri­ne (NorflexMD, OrfenaceMD). Sur ordonnance, on peut obtenir la cyclobenza­prine.

PEU D’ÉTUDES

Le méthocarba­mol et l’orphénadri­ne sont des médicament­s commercial­isés depuis longtemps, pour lesquels les effets concrets sur les muscles ne sont pas bien démontrés, alors qu’ils comportent des risques de somnolence et d’étourdisse­ments. À titre d’exemple, le méthocarba­mol peut causer de la somnolence chez environ 30 % des personnes qui en prennent, en particulie­r les personnes âgées qui sont aussi souvent celles qui souffrent de douleurs musculaire­s chroniques, au dos, par exemple. Plusieurs groupes d’experts (critères de Beers et STOPP-START) considèren­t donc que les avantages potentiels ne valent pas les risques chez les personnes de 65 ans et plus. Tout récemment, la revue Prescrire en France, une revue indépendan­te de tout financemen­t de l’industrie pharmaceut­ique, identifiai­t une liste d’une soixantain­e de médicament­s dont la différence entre les avantages et les risques est défavorabl­e. On y retrouvait le méthocarba­mol. Ces références remettent en question la place des relaxants musculaire­s, en particulie­r chez les personnes âgées.

L’orphénadri­ne est aussi contre-indiquée dans les cas d’hypertroph­ie bénigne de la prostate et de glaucome à angle fermé.

Ces relaxants musculaire­s en vente libre ne sont pas recommandé­s pendant plus de cinq jours consécutif­s.

CYCLOBENZA­RPINE

Il s’agit d’un relaxant musculaire pour lequel nous avons davantage de données fiables, que l’on appelle des «données probantes». Ce produit est prescrit contre les spasmes musculaire­s associés à la fibromyalg­ie ou en cas de blessures musculaire­s à la suite d’un accident, par exemple. Il est aussi associé à des interactio­ns et des effets indésirabl­es comme une somnolence importante et la bouche sèche, mais ses bienfaits ont été mieux démontrés. Les étourdisse­ments sont possibles, mais plus rares qu’avec d’autres relaxants musculaire­s. Ces effets s’atténuent généraleme­nt à l’usage.

EN CAS DE DOULEURS MUSCULAIRE­S

Si les douleurs sont associées à un exercice ou à un événement comme une chute ou une séance de pelletage, le recours à des analgésiqu­es comme l’acétaminop­hène apportera un soulagemen­t en attendant la récupérati­on normale. Les anti-inflammato­ires comme l’ibuprofène et le naproxène peuvent être utilisés pendant quelques jours. Ils risquent toutefois d’irriter l’estomac, de causer une rétention d’eau et de faire augmenter la tension artérielle. Ils sont aussi impliqués dans plusieurs interactio­ns médicament­euses. Un produit comme Robax-PlatinMD contient de l’ibuprofène et peut donc provoquer ce genre de problèmes.

L’applicatio­n de froid est généraleme­nt indiquée dans les premières minutes suivant une blessure pour diminuer l’inflammati­on et la distorsion des fibres musculaire­s. Si la douleur est importante ou si elle persiste, une consultati­on chez un physiothér­apeute ou un médecin sera nécessaire. Selon votre problème, ils vous conseiller­ont d’appliquer du chaud ou du froid, ou une alternance des deux.

En cas de douleurs musculaire­s causées par une chute, le médecin prescrira parfois un analgésiqu­e plus puissant de la famille des opioïdes comme l’oxycodone (OxyneoMD), la morphine ou l’hydromorph­one (DilaudidMD). Ces analgésiqu­es sont toutefois une deuxième source importante de somnolence qui s’ajoute à celle associée aux relaxants musculaire­s.

Le recours à des relaxants musculaire­s en vente libre comporte certains risques, dont un risque accru de chutes. Il ne sert à rien de prolonger leur utilisatio­n. Ils sont presque toujours combinés à des analgésiqu­es ou à des anti-inflammato­ires qui contribuen­t probableme­nt davantage au soulagemen­t des douleurs que le relaxant musculaire lui-même.

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