Maltais savoure une douce revanche
Quatre ans après l’échec de Vancouver, la planchiste de Petite-Rivière-Saint-François décroche l’argent
ROSA KHUTOR | La couleur d’argent a peu d’importance pour elle. C’est une médaille pour la délivrance que Dominique Maltais a remportée hier à l’épreuve de snowboardcross, quatre ans après son échec de Vancouver.
«Je pense qu’il y a un énorme stress qui vient de tomber de mes épaules et que je traîne avec moi depuis quatre ans», ont été ses premiers mots après sa réussite, prélude à une soirée remplie de cérémonies et de multiples entrevues.
Intouchable à chaque étape de la journée, la Tchèque Eva Samkova a mérité sans surprise la médaille d’or devant la Québécoise. La Française Chloé Trespeuch a complété le podium.
«Depuis Vancouver, j’étais sur une mission de quatre ans. C’est une sorte de revanche pour moi et, aujourd’hui, le travail ardu a été récompensé», a souvent répété Maltais, qui a notamment reçu dans l’aire d’arrivée l’accolade du président du Comité olympique canadien, Marcel Aubut, et du chef de mission, Steve Podborsky.
LA CHANCE LUI SOURIT
Cette fois, ce sport parfois ingrat et enclin à des rebondissements a favorisé l’athlète de Charlevoix. Après avoir mené sa ronde en quart de finale, tout de suite après celle de sa coéquipière Maëlle Ricker, qui a chuté et dit adieu à la défense de son titre olympique, elle a joué de chance en demi-finale.
Quatrième après le départ, Maltais a habilement dépassé de l’intérieur l’Australienne Belle Brockhoff, qu’elle a envoyée dans le décor en l’effleurant. Plus loin, elle a évité au dernier instant l’une des favorites du jour, l’Américaine Lindsey Jacobellis, qui venait de chuter alors qu’elle menait la course.
«Je n’ai pas connu de bons départs. Et quand tu pars et qu’il y a trois filles devant, ça brasse, d’un bord et de l’autre. Ça faisait deux virages que je préparais mon dépassement. Puis, quand j’ai vu Linsdey tomber dans ma ligne, je n’avais pas le choix: j’ai dit ça passe ou ça casse», a commenté l’athlète de 33 ans qui, avec sa médaille de bronze à Turin, devient la seule double médaillée olympique de ce sport qui a fait son entrée aux Jeux en 2006.
« PRÊTE »
«Dominique était prête et elle avait dominé les entraînements, cette semaine, mais Eva (Samkova) a monté le niveau d’une coche. C’est quand même une belle deuxième place. C’est le bel aboutissement que de terminer avec une médaille autour du cou. On l’a vu, ce n’est jamais facile, surtout dans des conditions de neige molle comme celle-là. Dans ces circonstances, il faut savoir sourire à la vie et à une médaille d’argent», a soulevé l’entraîneur- chef de l’équipe canadienne, Marcel Mathieu.
Les scènes de bonheur sous le soleil de Sotchi contrastaient avec celles de désolation d’il y a quatre ans dans un jour brumeux à Cypress Park. L’histoire nous a appris qu’après avoir chuté durant la période de réchauffement, ce qui avait résulté en une contusion pulmonaire, la Québécoise était tombée à nouveau en première ronde des qualifications. À la deuxième, elle n’avait pu faire mieux que le 20e rang au chrono, l’excluant des rondes éliminatoires.
SUR LE MUR AVEC SA « PETITE SOEUR »
Cette fois, l’étreinte que lui a faite sur place son père, Gérald, comportait des émotions différentes. En soirée, elle allait recevoir en sa compagnie sa médaille d’argent lors d’une cérémonie dans le parc olympique de Sotchi. Cette médaille de la rédemption a déjà une place toute dessinée.
«Elle ira rejoindre sa petite soeur sur le mur», illustrait-elle fièrement en pensant à sa médaille de bronze, qui se sentait bien seule jusqu’à hier.