LES DIAMANTS MAUDITS
Une note prestigieuse qui déplaît aux restaurateurs
Québec compte trois restaurants sur les six certifiés 5 diamants au Canada. Une belle reconnaissance du CAA qui nuit pourtant à certains restaurateurs. L’un d’entre eux évoque même la fermeture de son établissement en raison des clients « effrayés » par la facture liée à cette distinction.›
Loin de profiter du prestige associé à la cote 5 diamants du CAA, des restaurateurs récipiendaires de Québec subissent plutôt des effets désastreux, au point où l’un d’eux envisage même la fermeture.
Sur les six restaurants certifiés 5 diamants au Canada, trois ont pignon sur rue à Québec soit L’Initiale, La Tanière et Le Patriarche. Or, pour les deux derniers, l’obtention de cette prestigieuse distinction jumelée à la conjoncture économique s’est avérée catastrophique. «Les gens ont peur et se disent tout de suite qu’ils n’ont pas les moyens de venir chez nous, même ceux qui avaient l’habitude de s’y attabler», s’est désolé le copropriétaire du restaurant Le Patriarche, Guy Collin. D’ailleurs, il songe même à «mettre fin à cette grande passion pour la haute gastronomie».
De son côté, la copropriétaire du restaurant La Tanière avance qu’il y a «une rançon à cette gloire». «Les gens comprennent mal et croient qu’on est inaccessible. Il y a encore de l’éducation à faire. Nous n’avons pas augmenté nos prix», a soutenu Karen Therrien.
PLUS DROIT À L’ERREUR
Bien qu’ils sont fiers d’avoir mis la main sur cette distinction décernée par les associations canadiennes et américaines des automobilistes (CAA-AAA), les restaurateurs s’entendent pour dire qu’ils n’ont désormais plus le droit à l’erreur.
«C’est un cadeau de Grec. Il faut que tout soit parfait. Les gens ont des attentes élevées et, s’ils ne sont pas satisfaits, ils partagent leurs commentaires sur les réseaux sociaux sans penser aux retombées», a déploré Mme Therrien.
À cet effet, M. Collin a vu son restaurant dégringoler dans le classement du site internet Trip Advisor. «Depuis sept ans, j’étais parmi les cinq ou six premiers et, dans les derniers mois, j’ai glissé à la 26e place en raison de commentaires des clients dont les attentes sont à un autre niveau.» Pour sa part, la copropriétaire du restaurant L’Initiale prétend ne pas ressentir les «effets pervers de la cote 5 diamants» depuis son obtention en 2011.
ASSOCIATION DIFFICILE
Toutefois, la vice-présidente aux communications et affaires publiques de CAA-Québec, Sophie Gagnon, «a de la difficulté» à faire une corrélation entre l’attribution de la cote et les possibles répercussions négatives qui en découlerait. «La cote ne définit pas ces restaurants bien établis, mais les qualifie. Elle vient reconnaître que les clients l’aiment pour de bonnes raisons».