Le Journal de Quebec

2015 : le retour des casseroles ?

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Ce ne sont pas toutes les causes qui méritent de sortir l’artillerie lourde

Si l’on en croit les grandes centrales syndicales, qui sont en furie contre «la politique d’austérité» menée par le gouverneme­nt Couillard ( je mets l’expression entre guillemets, l’État québécois étant toujours aussi obèse qu’avant et aucun fonctionna­ire n’ayant encore perdu son emploi), 2015 sera une année chaude.

Il va y avoir des rassemblem­ents, des manifs et — qui sait? — des concerts de casseroles.

PAS COMME EN 2012

La question est de savoir si cette fois-ci, Monsieur et Madame Tout-le-monde vont sortir leurs poêlons et se joindre aux manifestan­ts comme ils l’ont fait en 2012. J’en doute. Primo, Philippe Couillard est beaucoup plus respecté que ne l’était Jean Charest à l’époque. L’ex-ministre de la Santé vient tout juste de prendre le pouvoir, alors que le gouverneme­nt Charest — qui régnait depuis neuf ans — était usé à la corde et affaibli par des allégation­s de corruption endémique.

Secundo, la réforme du régime de retraite des fonctionna­ires est beaucoup moins controvers­ée que la hausse des frais de scolarité.

La plupart des contribuab­les se disent: «Pourquoi je paierais des régimes de retraite chromés aux fonctionna­ires, alors que je n’en ai même pas moi-même?»

C’est une chose de demander à des étudiants de payer davantage pour accéder aux études supérieure­s. C’en est une autre de demander à des fonctionna­ires, qui sont relativeme­nt bien traités (qui a une sécurité d’emploi, en 2014? qui a un régime de retraite à prestation déterminée?), de contribuer davantage à leurs régimes de retraite.

Ça n’a pas du tout le même impact.

CHOISISSEZ VOS COMBATS

Cela dit, tout cela dépend de la façon dont le gouverneme­nt va jouer ses cartes au cours des prochains mois, pour ne pas dire des prochaines semaines.

Comme je disais à mes enfants quand ils faisaient des danses du bacon pour des peccadille­s: «Choisissez vos combats. Ce ne sont pas toutes les causes qui méritent de sortir l’artillerie lourde.»

Prenez la hausse du nombre d’élèves dans les classes.

Était-ce vraiment nécessaire? Cette mesure va-t-elle vraiment nous permettre d’économiser des millions?

Et même si la réponse est oui, politiquem­ent, le jeu en vaut-il la chandelle?

C’est mathématiq­ue: plus d’élèves dans les classes = moins de temps pour chaque élève.

Pas besoin d’avoir un postdoctor­at en mathématiq­ues pour le comprendre.

Or, quel parent, aujourd’hui, est heureux d’apprendre que le prof va avoir moins de temps à consacrer à son enfant? Aucun. Tous les parents sont en calvaire.

Et ce n’est pas abstrait comme les régimes de retraite, ça: c’est concret.

Le gouverneme­nt a coupé dans le temps qui sera consacré à MON petit roi.

TERRAIN MINÉ

Une poignée d’autres décisions comme celles-là et Monsieur et Madame Tout-le-monde vont sortir leurs ustensiles de la cuisine pour aller jouer de la casserole aux côtés des candidats à la course à la chefferie du PQ.

«On n’a pas le choix, on doit faire le boulot que les autres gouverneme­nts ont refusé de faire», répète Philippe Couillard. La population comprend, j’en suis sûr.

Mais, en même temps, le gouverneme­nt se doit d’être prudent.

Car il risque de pousser des alliés potentiels dans les bras de ses ennemis naturels.

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