Témoins de la solitude des personnes âgées
Appelés à travailler la nuit de Noël ou au réveillon chaque année, les ambulanciers sont malheureusement les témoins de la solitude et de la détresse des personnes âgées abandonnées par leur famille.
Éric Lavoie et Guillaume Paquin, deux paramédics de la CTAQ à Québec qui cumulent respectivement 14 et 12 ans d’expérience ont accepté d’embrasser une profession qui ne prend pas de pause pendant le temps des Fêtes. «Par défaut», les partenaires sont donc d’office soit à Noël, soit au jour de l’An depuis le début de leur carrière.
Si les cas ne sont pas différents du reste de l’année d’un point de vue médical, les appels restent bien différents pendant cette période de festivités. «On entre dans les familles, dans les partys où il y a un drame qui se joue», explique Éric.
Il donne l’exemple d’une dame de 80 ans qui a fait un infarctus mortel devant sa famille à la fin du souper de Noël. «Elle soupait avec ses enfants et elle est décédée devant eux, tu sentais tout le drame lorsqu’on a commencé à faire le massage cardiaque», poursuit le paramédic.
«Quand ça arrive, ça vient doublement prenant, ça te pogne au coeur. On ne souhaite jamais le malheur de personne, surtout pas dans le temps des Fêtes», poursuit-il.
DU « DUMPING »
Habitués aux drames, les ambulanciers poursuivent quand même leur travail sachant qu’ils laissent derrière eux une famille effondrée. Pourtant, une autre situation semble choquer davantage Éric et Guillaume, «le dumping».
Beaucoup de familles se rabattent sur les hôpitaux pour s’occuper de leurs vieux, racontent les partenaires. «Ils ont un proche lourd à s’occuper, mais ils n’ont pas le temps ou ils ont un voyage de prévu alors ils ne savent pas quoi faire avec».
«On n’a pas le choix de se fier à la famille parce que le patient est très difficile à évaluer. Ça finit souvent en transport, mais on comprend que la famille veut s’en débarrasser, déploret-il, on entre ça dans la case des abus».
Malgré la triste réalité à laquelle ils sont confrontés pendant que leur famille fête, Éric et Guillaume ne sont pas moins dévoués à leur travail. «C’est le fun travailler, je n’entre pas de reculons», assure Éric en poste la nuit de Noël. «C’est intéressant pour nous, mais c’est plate pour nos familles » , réplique Guillaume qui sera d’office au Réveillon.