Si j’étais musulmane…
Si j’étais de confession musulmane, je serais en beau caltare. Fâchée noir. Je me sentirais trahie, victime d’une gigantesque fraude historique, ma foi, ma culture traînées dans la boue. Ma quiétude et ma sécurité mises en danger.
Ce n’est ni le commentaire stupide du chef de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, sur les dangers d’avoir des mosquées sur le territoire ou l’imbécillité heureuse d’une chanteuse passée date qui me mettraient dans cet état. La xénophobie, et le racisme – pour bien des gens, musulmans égale arabes – existent partout, depuis toujours. Et beaucoup moins ici qu’ailleurs.
Je serais plus irritée par les soi-disant leaders de ma communauté qui invoquent l’islamophobie pour me transformer en victime. J’aurais envie de leur dire que leur attitude sert à mettre de la dynamite dans la tête de jeunes désoeuvrés, citant la recherchiste d’Enquête, Nadia Zouaoui, à Radio 9 : «Il y a toute cette manipulation, cette victimisation qui fait que la personne va après se tourner vers une radicalisation».
Non, si j’étais musulmane, ma colère serait dirigée contre la plus dangereuse incarnation de l’islam politique, radical, rigoriste et intégriste de notre époque, Daesh ou État islamique.
TÉMOIGNAGE TROUBLANT
Le réputé auteur, journaliste de guerre et ex-politicien allemand Jürgen Todenhöfer a passé dix jours avec des
JE DOUTE QU’ILS DÉBARQUENT UN JOUR ICI, MAIS SI J’ÉTAIS MUSULMANE, C’EST À CES GENS-LÀ (DAESH) QUE J’EN VOUDRAIS
combattants de Daesh en Syrie et en Iraq, le premier occidental à l’avoir fait, au terme de sept mois de négociations. L’homme de 74 ans voulait revenir avec sa tête encore attachée à ses épaules.
Todenhöfer, connu en Europe pour son opposition à la politique américaine au Moyen-Orient, sonne l’alarme comme personne d’autre ne l’avait fait avant lui.
Les fous de Dieu qu’il a rencontrés làbas n’essaient même pas de convaincre le reste de l’humanité que l’islam est une religion de paix. «Pour nous, il n’y a pas de frontières, juste des lignes de front. Notre expansion sera perpétuelle… et quand nous arriverons, ce ne sera pas agréable. Ce sera avec nos armes, et ceux qui ne se convertiront pas ou qui ne paieront pas la taxe islamique seront tués». Y compris les 150 millions de musulmans chiites. «Nous
les tuerons tous.»
UN TSUNAMI NUCLÉAIRE
Todenhöfer a vu des centaines de combattants arriver de partout, le fanatisme dans les yeux. Il a constaté la puissance de leurs moyens.
«L’État islamique est beaucoup plus dangereux que les leaders occidentaux ne le réalisent. Ils préparent la plus grande campagne de nettoyage religieux que le monde n’a jamais vu.» «Ils ne sont qu’un pour cent du monde islamique, mais ils ont le pouvoir d’un tsunami nucléaire», a déclaré le journaliste à CNN.
Je doute qu’ils débarquent un jour ici, mais si j’étais musulmane, c’est à ces gens-là que j’en voudrais.
Et en cette veille de Noël, j’aurais une pensée pour le prophète islamique Isa ibn Maryam, que les chrétiens appellent Jésus fils de Marie, et pour son message de paix aux hommes de bonne volonté.
Et j’aurais envie de pleurer. Je suis persuadée que je ne serais pas la seule.