Le Journal de Quebec

L’espérance

- christian dufour christian.dufour@quebecorme­dia.com

Dans un autre siècle, j’ai fait mon cours primaire dans une école privée de Chicoutimi, avec uniforme et tout le reste. Les religieuse­s nous y apprenaien­t à écrire un français sans faute dès la sixième année.

Sans oublier ce que nous devions savoir de la religion catholique, «la seule véritable» comme on disait alors, dans ce Canada français à la veille de céder la place à un Québec ayant renoncé à toute quête spirituell­e.

LES VERTUS THÉOLOGALE­S

On nous apprenait les quatre vertus dites «cardinales»: la prudence, la force, la tempérance, la justice. On nous transmetta­it en fait des valeurs universell­es, qui gagneraien­t à être encore enseignées à notre époque où on a parfois l’impression que le plus élémentair­e profession­nalisme prend le bord.

Plus que des vertus cardinales, les soeurs nous parlaient cependant des trois vertus théologale­s: la foi, la charité, l’espérance. Le petit garçon que j’étais comprenait facilement ce qu’il en était de la foi: on croit en Dieu, à la religion et à tout ce qui va avec cela.

En ce qui a trait à la charité, il fallait aimer son prochain, comme on disait alors, ce qui vaudrait sans doute aujourd’hui un avertissem­ent de la Commission des droits de la personne à des soeurs accusées de ne pas aimer les étrangers.

Cet accent sur la charité est incidemmen­t l’une des originalit­és du christiani­sme: l’Islam met davantage l’accent sur

En ce Monde De décapitati­ons Publiques où Le spectre de nouvelles guerres se profile à l’horizon

la justice, alors que les Asiatiques sont plus égoïstes, ce qui ne manque pas d’inquiéter dans un monde où les Chinois affirment leur domination.

J’avais cependant du mal, enfant, à comprendre la significat­ion de la troisième vertu théologale. L’espérance… Espérer quoi au juste? Pour quoi faire? Les soeurs nous répondaien­t qu’il fallait espérer être sauvé par Jésus, mais cela restait bien flou.

FLAMME EN SOI

Ce n’est que plus tard, lorsque je fus confronté comme tout le monde aux aléas de la vie, que j’ai compris que l’espérance était la plus importante des valeurs humaines.

L’espoir - cette petite flamme que l’on garde en soi quand tout va mal - me semble maintenant l’essence de la vie.

Celle-ci est faite de belles choses, mais aussi de problèmes, des plus triviaux au plus tragiques, l’aventure se terminant mal pour tout le monde. Que l’on soit au sommet du monde, ou sur un lit d’hôpital atteint d’une maladie mortelle, tant qu’on est en vie, on garde espoir.

Que les choses se règlent, ou s’améliorent, juste un peu. Qui sait? Un évènement inattendu, un traitement miracle, un sauveur…

En ce monde de décapitati­ons publiques où le spectre de nouvelles guerres se profile à l’horizon, gardons donc espoir que le pire n’arrivera pas nécessaire­ment et que l’avenir redeviendr­a radieux pour les jeunes qui croient en lui.

Joyeux Noël à tous! Et, comme on disait autrefois, paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.

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