Le suicide plutôt que le viol
Des Yazidies s’enlèvent la vie pour échapper aux griffes de l’EI
BAGDAD | (AFP) Jilan, 19 ans, s’est suicidée pour échapper au sort de centaines, voire de milliers, d’autres femmes yazidies du nord de l’Irak réduites à l’état d’esclaves sexuelles par les djihadistes de l’organisation État islamique (EI).
Son funeste destin est cité par Amnesty International, qui s’alarmait hier de la tragédie des Yazidis, une minorité kurdophone considérée comme hérétique par le groupe extrémiste sunnite. Jilan a été enlevée lorsque l’EI a lancé son offensive en août dans la région de Sinjar. Elle s’est retrouvée au milieu de «centaines, peut-être de milliers» de femmes qui ont été séparées des hommes en vue d’être «mariées de force, vendues ou offertes par l’EI à des combattants ou sympathisants», selon Amnesty.
«Un jour, on nous a donné des vêtements ressemblant à des costumes de danse et on nous a dit de nous laver avant de les enfiler. Jilan s’est tuée dans la salle de bains», a raconté une fille détenue avec elle. «Jilan s’est entaillée les poignets et s’est pendue. Elle était très belle. Je pense qu’elle savait qu’elle allait être emportée par un homme et c’est pour ça qu’elle s’est tuée», a-t-elle ajouté.
DES ENFANTS
Un nombre important de «ces esclaves sexuelles sont des enfants, des filles âgées de 14, 15 ans ou plus jeunes encore » , affirme Donatella Rovera, une responsable d’Amnesty qui a interrogé plus de 40 ex-captives.
Selon Mme Rovera, «les conséquences physiques et psychologiques des effroyables souffrances que ces femmes ont subies sont catastrophiques » . «Nombre d’entre elles ont été torturées et traitées comme du bétail. Même celles qui ont réussi à s’échapper restent profondément traumatisées».
Les meurtres, tortures, viols et enlèvements commis par l’EI sur les Yazidis relèvent du « nettoyage ethnique » , affirme Amnesty.
«Quand vous posez la question (aux femmes ayant pu s’échapper), elles n’ont jamais, ou très rarement, été agressées sexuellement. Pour dire les choses simplement, elles ont peur d’être tuées par leur propre tribu», avait expliqué en octobre Hanaa Edwar, militante irakienne des droits de l’Homme.
PLUS DE 1000 DJIHADISTES TUÉS
Plus d’un millier de djihadistes ont été tués en trois mois en Syrie par les frappes de la coalition conduite par les États-Unis, a affirmé hier l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Depuis le 23 septembre, au moins 1171 personnes ont été tuées par les frappes arabes et internationales sur la Syrie.