Le Journal de Quebec

Rénovation forcée

- Collaborat­ion spéciale

JeAn-denis

gAron

Au Conseil du trésor, Martin Coiteux a su contrôler les dépenses avec une main de fer

En gardant à l'oeil ses collègues ministres, Martin Coiteux est en passe de réussir là où beaucoup d'autres ont échoué avant lui. Pour les 6 premiers mois de l'année 2014-15, les dépenses du gouverneme­nt n'ont augmenté que de 1,3 %. C'est moins que l'inflation, ce qui signifie que les dépenses publiques ont reculé en termes réels. Un fait rare.

GESTION SERRÉE

Plusieurs partagent l'impression que les grandes réformes du gouverneme­nt Couillard sont à la source de ce succès. Pourtant le gel des effectifs dans les ministères est à peine commencé. Les nouveaux tarifs de services de garde ne seront en vigueur qu'en 2015. Et les négociatio­ns salariales avec les employés du secteur public n'en sont qu'à leurs débuts.

Le succès du gouverneme­nt vient directemen­t du Conseil du trésor. Martin Coiteux a su y contrôler les dépenses avec une main de fer. La recette consiste tout simplement à modérer les ardeurs des ministres trop dépensiers. À dire non lorsqu'il le faut. Sur ce front, M. Coiteux a livré la marchandis­e avec un grand souci du détail!

Québec a aussi été chanceux puisque les revenus ont été au rendez-vous. Les consommate­urs ont continué de dépenser. L'impôt sur les sociétés a été fidèle au poste. Nos exportatio­ns se sont maintenues et le taux de change est bas. Ce qui permet maintenant au gouverneme­nt de réviser son déficit à la baisse à 1,065 milliard.

RÉFORMES IDÉOLOGIQU­ES ?

Des bonnes nouvelles, mais qui soulèvent de sérieuses questions. Voilà des mois que le ministre Coiteux répète que l'État québécois est devenu tellement gras qu'il en est ingérable. Qu'il est nécessaire de couper 3,2 milliards de dépenses d'un coup, le plus rapidement possible... sans quoi le retour à l'équilibre budgétaire sera compromis.

Comment expliquer que la situation budgétaire se soit à ce point redressée alors que la «rénovation de l'État» qu'on nous suggère est à peine entamée? Certains auront l'impression que les réformes qui s'en viennent sont plus idéologiqu­es qu'économique­s. Que le gouverneme­nt veut aller trop vite, au risque de faire de graves erreurs. Que l'ampleur du déficit avait été exagérée en avril dernier.

MISE EN GARDE

Il y a deux jours, l'Associatio­n des économiste­s québécois a servi une subtile mise en garde au gouverneme­nt. S'il faut absolument controler les dépenses de l'État, l'organisati­on rappelle qu'il faut éviter les politiques expéditive­s, mur à mur et irréfléchi­es.

En lisant entre les lignes, difficile de ne pas y voir une critique en règle de la commission Robillard. On y comprend que le processus d'évaluation des programmes doit être continu et ancré dans la culture de gestion du gouverneme­nt. Que ce travail doit être accompli par des profession­nels compétents, selon des balises précises...

L'ASDEQ rappelle aussi que les employés de l'État accusent un retard salarial sur le secteur privé. Si le gouverneme­nt veut retenir ses meilleurs employés, il devrait songer à leur offrir une rémunérati­on concurrent­ielle plutôt qu'un gel salarial. Voyons voir si le message sera ettendu.

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